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Ces mots qui nous font peur

Il est des mots qui couvrent des concepts qui suggèrent pour nous des notions très négatives et que nous évitons au maximum de prononcer. Ils recouvrent des notions tabous, qu’il s’agisse de la mort, du sexe, du racisme, des déjections humaines … On préfère utiliser des métaphores ou des périphrases pour suggérer le concept sans l’énoncer et laisser notre interlocuteur prendre la responsabilité d’avoir compris le contenu sans avoir eu à le prononcer. C’est sans doute une attitude un peu régressive, mais bon, c’est la notre

« Ce qui se conçoit clairement s’exprime clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » disait Nicolas Boileau. On observe cela dans la négation des concepts devenus tabous.

La mort. Le tabou métaphysique

C’est l’acmé de l’anxiété pour les êtres humains que nous sommes. Nous redoutons tous la mort et c’est pourquoi en tout temps et en tout lieux toutes les religions ont inventées une vie après la mort. C’est un mot que nous n’aimons pas prononcer lors du décès de l’un de nos proche. On préfère parler de disparu, il nous a quitté, il est parti, il n’est plus parmi nous, il s’est éteint, ou plus argotique : «  Rendre le cimetière bossu. Passer de vie à trépas. Avaler son bulletin de naissance. Habiter Boulevard des allongés … »

Pourtant on parle sans fausse pudeur des 40 millions de morts de la seconde guerre mondiale ou des 100 morts de l’attentat du Bataclan. Comme si le nombre rendait la mort plus acceptable.

Nègre. Le tabou colonialiste

Voilà un mot qui a pris un sens détestable car il a malheureusement été utilisé pour décrire les populations Africaines, accompagné de mépris et d’autosuffisance. On est alors passé au terme de Noir, toujours péjoratifs, puis on  a  choisi « homme de couleur » ce qui est ridicule puisque le noir est justement l’absence de couleur. Aujourd’hui, on ne sait plus quoi dire, quel mot employer, sauf dans les banlieues ou on utilise « Kebla ». C’est bien normal puisque l’on est parti sur une classification par couleur de peau qui ne veut rien dire car il y a des habitants de l’Inde du sud qui sont plus noirs que les Africains. Maintenant on dit « les populations de l’Afrique subsaharienne » ce qui n’est pas forcément très pratique.

Le sexe. Le tabou social et religieux

C’est certainement l’un des tabous les plus ancrés dans nos sociétés modernes qui prétends nier la fonction essentielle des espèce : « La reproduction ». Sans elle aucune espèce n’est viable. Pourtant le sexe est tabou. Tout le monde le pratique, chacun sait que l’autre le pratique et l’autre sait que lui le pratique, mais motus, on en parle pas. Le vocabulaire s’articule autour de :

  1. Le langage biologique : s’accoupler, copuler,
  2. Le langage argotique, évidemment plus riche : Baiser, tringler, tirer, sauter …et pléthore d’autres
  3. Les métaphores dont la plus courante est « faire l’amour » ce qui  revient à nier à la sexualité toute sexualité

Les déjections humaine. Le tabou animal

Voilà bien longtemps que l’humain rejette ses origines animales. On a été jusqu’à inventer les déodorants pour cacher notre odeur « sui generis »  qui pourtant dans le règne animal est l’affirmation même de son identité (qu’il s’agisse de la transpiration, de l’urine, ou des selles). De ce fait, toutes les déjections humaines sont niées et les mots pour les décrire occultés. On hésite, ici aussi, entre un vocabulaire emprunté et un vocabulaire vulgaire. Dire « je vais uriner » fait pédant mais dire « je vais pisser » manque de distinction, comme si le fait avait été rayé du vocable normal et couramment usité.  Finalement on ne dit pas : « je vais déféquer » ou « je vais chier » mais faute de mot adapté on dit « je vais aux toilettes » ce qui est un processus d’évitement

Conclusion

Les concept ne sont pas tabous par hasard, ils le sont parce qu’il recouvrent des notions génératrices d’angoisse. L’absence de mots « normalisés » pour en parler empêche le sujet de se clarifier et lui donne un côté de plus en plus flou qui ajoute de l’angoisse à l’angoisse. Tant que l’on arrive pas à mettre des mots sur son angoisse (à formaliser) on ne peut s’échapper de ce cercle vicieux. Dans toute thérapie la formalisation de ses émotions permet d’y faire face. On peut mieux lutter contre un adversaire visible identifié que contre un ennemi invisible.

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