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Sous le coup d’un événement grave on assiste à un tapage médiatique, un déferlement de pseudo informations, qui nous envahissent et nous depasssent

Avant de commencer redéfinissons la notion d’anxiété et ses manifestations. Il y a anxiété quand un individu envisage un événement qui lui serai préjudiciable mais dont il ne peut prévoir ni les conséquences précises, ni leur gravité. C’est la certitude que l’événement va se produire et l’incertitude sur les conséquences (à priori négatives) qui seront le moteur de l’anxiété

Ne pas confondre l’anxiété avec l’angoisse. Cette dernière est le sentiment qu’un événement négatif va se produire sans en être capable d’évaluer sa nature ni ses conséquences. La peur étant la certitude qu’un événement négatif précis, dont on peut prévoir les conséquences va se produire.

Devant l’anxiété l’individu va développer un mécanisme de réaction qui consiste à essayer de prévoir les conséquences de l’événement pour élaborer une stratégie de défense. Malheureusement les conséquences de l’événement étant, par nature, imprévisibles, tout scénario élaboré sera immédiatement remplacé par un autre. D’autres conséquences envisagées conduirons à envisager une autre stratégie. Cette ronde sans fin : «conséquences estimées/stratégies développées » constitue le mécanisme de « ressassement » qui caractérise les états d’anxiétés. Cette situation ou l’esprit est en perpétuelle agitation dans un sentiment continu « d’agression/défense » constitue l’état d’anxiété très difficile à supporter. De nombreux individus (les plus sujet à l’anxiété) vont tenter pour y échapper de développer un mécanisme défensif. Ils vont envisager, parmi les conséquences possibles, la pire des éventualités en se disant que trouver la parade au pire qui puisse arriver sera le moyen de faite taire l’anxiété. Se préparer au pire sera l’arme absolue. Il n’en est rien car les autres conséquences seront toujours envisageables et l’esprit continuera de « tourner » en boucle. On aura ajouté à l’anxiété le sentiment de peur devant l’événement le pire envisagé.

Une fois ce petit rappel sur la notion d’anxiété, revenons au sujet qui nous intéresse, c’est à dire le délire médiatique qui accompagne chaque événement grave survenu dans notre pays. Prenons l’exemple récent des attentats qui ont endeuillés notre pays. Durant plusieurs jours, impossible d’allumer une télévision, une radio, sans tomber sur une émission « spéciale » qui commente l’événement. Les émissions sont déprogrammées pour donner la parole aux commentateurs (experts ?) du drame. (Signalons cependant que la publicité n’est pas impactée par le phénomène !) S’agit-il d’information ? certes non. En général les enquêtes progressent lentement et les informations nouvelles tombent au compte-goutte. Alors pourquoi toutes ces séquences « dites » d’information qui n’ont aucune information à donner ?

On observe un phénomène qui est de l’ordre de l’anxiété, cette fois ci plus individuelle, mais collective. Les journalistes, les commentateurs n’informent pas mais spéculent, ressassent, comme pourrais le faire un individu en état d’anxiété. On envisage les hypothèses possibles, on en décrit les conséquences, on évalue les risques pour chacun. Certains mettent les choses au pire, d’autres sont plus prudent, mais tous nourrissent chez nous les mécanismes d’une anxiété que nous n’aurions peut-être pas développés sans tout ce tapage. Et pourtant s’ils le font c’est parce que nous, le public, attendons cela, parce que nous sommes en demande, que nous ne comprendrions pas que rien ne se passe, que la vie suive son cours et que les médias continuent de diffuser les émissions – souvent lénifiantes –  habituelles.

Pourquoi cette attente de notre part ?

La prise de connaissance d’un événement grave qui pourraient nous atteindre génère, inévitablement en nous, des mécanismes d’angoisse. Nous avons besoin de donner corps à nos angoisses. Les médias, en nous fournissant les représentations qui nous manquent, vont nous faire passer du stade de l’angoisse et de son sentiment d’impuissance au stade de l’anxiété dans lequel on a le sentiment de réagir. Ils vont nous fournir les représentations anxiogènes, spéculations, hypothèses, solutions, débats, qui vont nous servir pour passer de l’angoisse à l’anxiété.

C’est donc un phénomène d’angoisse-anxiété collective qui se joue. Nous avons besoin pour donner forme à notre angoisse, des images et représentations que seul les médias peuvent nous fournir. C’est peut-être discutable en économie, mais en psychologie le besoin crée la demande, qui ensuite génère l’offre.

Le problème généralement posé : « Les médias en font-ils trop ? parlent-ils trop de ces événements ? » est un faux problème. Les médias sont le reflet de nos besoins, ils répondent à nos attentes, au service de nos angoisses. N’oublions jamais qu’il n’y a pas de journaux sans lecteurs, pas de télévision sans téléspectateurs. Les médias sont au service de leurs consommateurs. Ils répondent, tout simplement, à notre demande. Le jour où nous n’aurons plus besoin de tout cet étalage médiatique pour nous sécuriser les médias passeront à autre chose.

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