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Un drôle de sujet du bac

Un sujet du Bac (philo je crois) était :

« Le langage déforme- t-il la pensée ? »

Un sujet bien bizarre pour les raisons suivantes

  1. La réponse à cette question devrait être : OUI, Non, ça dépends, ou je n’en sais rien ! La  dernière réponse est bien sûr à éviter dans un examen ! La réponse « ça dépends » mérite argumentation, les réponses Oui ou Non n’en nécessitent logiquement pas. Mais la logique n’est pas la logique d’examen et il faut bien faire un développement. La réponse doit évidemment être Oui (logique d’examen oblige)
  2. La question est cependant sans réponse puisque nul ne sait exactement ce qu’est la pensée, entité immatérielle par défaut. Comparer une pensée dont on ignore l’essence même à une pensée codifiée dans un système de cryptage inventé par cette même pensée dont on ignore tout devient une gageure.
  3. Si on suppose que la réponse et OUI (le plus évident et la seule possible à argumenter) on se propose de faire un développement de ce que nous pensons (notre pensée de candidat au Bac) dans un système littéral dont on est en train de montrer comment il donne une fausse idée de ce que l’on devrait dire ! Un paradoxe digne de l’éducation nationale.
  4. Il faudrait tout d’abord expliciter ce qu’est notre pensée, ou du moins quelle représentation nous pouvons en avoir. Malheureusement cette représentation (la conscience que nous en avons) est construite avec le même système de codification que notre langage parlé ou écrit. Cette représentation de la pensée induit, en elle même un biais. Ce n’est pas le langage qui introduit la première erreur mais bien notre système de représentations mentales. Le langage y apporte bien sûr ultérieurement sa part d’imprécision.

Bon, ne faisons pas les « empêcheur de bachoter en rond » et voyons ce que l’on peut répondre en oubliant que nous ne savons pas vraiment ce qu’est la pensée.

La pensée doit être globale, elle comprend autant des mémorisations cognitives que affectives. Seules celles qui sont formalisées (les cognitives) peuvent se traduire dans un langage qui s’adresse au cognitif. Voilà donc tout une partie de notre pensée amputée, occultée.

Le langage se traduit par des mots qui représente des concepts. Ceux-ci sont, en principe répertoriés dans le dictionnaire de l’académie Française auquel bien peu d’entre nous ont accès. Il nous reste les dictionnaires accessoires (Larousse, Littré, Robert …). Malheureusement ceux-ci sont en compétition et pour éviter les procès en plagiat ils sont bien obligés de fournir des informations légèrement différentes. Ceci ne favorise pas la précision dans la définition des mots. En fait ce n’est pas trop grave car peu d’entre nous sont capable de donner la définitions des mots que nous utilisons. Faites l’expérience et essayer de donner un définition précise et exacte de par exemple des derniers mots que j’ai utilisés : Définition, capable, exemple. Vous verrez que ce n’est pas si simple, et je ne parle pas des définitions de liberté, dieu, temps, justice … Heureusement nous avons l’habitude de « jongler » avec ce type d’imprécision et cela ne gêne pas trop notre communication.

N’oublions pas que le langage est émis par un locuteur et compris par un interlocuteur qui prend sa part dans l’interprétation du langage émis. C’est un miracle humain que en dépit de ce flou permanent nous parvenions à communiquer et nous comprendre. Ce n’est pas un hasard. C’est que quand nous nous exprimons un certain nombre d’éléments font partie du dialogue

  1. Nous avons pris l’habitude de replacer les mots dans leur contexte. Le sens général du discours participe à la valeur et au sens que nous donnons aux mots. Nous  sommes capable de donner  un sens légèrement différent à un même mots dans un contexte différent. Par exemple un mot peut être compris à son sens propre ou à son sens figuré dans des discours différents. Quand on comprends une phrase au « second degré » on lui donne un sens totalement opposé à ce qu’elle exprime au « premier degré ». Ceci est valable pour le langage parlé ou écrit.
  2. Le langage parlé s’accompagne toujours d’un langage gestuel, de mimiques, d’intonation. (La phrase « jacques aime le gâteau » peut se prendre comme une affirmation ou une  interrogation selon l’intonation de la voix en fin de phrase). Ce n’est évidemment pas le cas du langage écrit qui, d’ailleurs, laisse une plus grande place à l’imagination du lecteur.
  3. Nous ajustons également le sens des mots à ce que nous connaissons du locuteur qui les prononce. Nous donnerons au mot « Richesse » un sens laudatif dans la bouche d’un riche capitaliste et péjoratif  dans celle d’un pauvre marxiste.

Comme dirait Cyrano : « Voilà ce qu’à peu près, mon cher vous m’auriez dit si vous aviez un peu de lettre et d’esprit … » … mais quand même c’est un sujet un peu tordu !   

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