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Tout être vivant a une vie biologique qui le maintien en vie et le pousse à se reproduire. Ce vécu peut être pensé comme une finalité biologique, un projet, mais il n’en est rien. Toute espèce sans « instinct de conservation » et « instinct de reproduction » ne pourrait pas exister car elle disparaitrait avant même de pouvoir exister. Ces instincts ne sont donc pas une finalité mais une évidente nécessité (lire « le hasard et la nécessité » de Jacques Monod 1970). Seules les espèces qui en sont dotées peuvent exister.

Les animaux supérieurs ont en plus des émotions. Je ne parlerais que des espèces évolués, en tout cas dans la hiérarchisation que nous utilisons, car l’étude des émotions chez la bactérie, le cancrelat, ou le ver solitaire dépasse largement mes capacités d’analyse. Tous les mammifères, les oiseaux, les poissons, sont à des degrés divers capable de ressentir les modification de leur environnement et d’y réagir. Leur conscience émotionnelle est développée et sans doute leur capacité sensible est supérieure à la nôtre. Ce sont généralement des sujets très émotifs. Ils ont, notamment,  un odorat largement évolué et un sens de l’espace qui leur est particulier. En termes de psychologie relativiste on peut dire que leur conscience émotionnelle est très riche.

Si on passe maintenant à l’humain on va trouver un étage supérieur de la conscience dites « conscience cognitive ». L’humain est capable de ressentir des émotions, mais en plus il est capable de les formaliser, d’en produire des représentations mentales, de les organiser et de les structurer dans des relations de dépendance, de cause à effet, de précèdent et suivant, d’important ou de futile. Bref, de ses émotions l’humain fait un récit qui s’inscrit dans le temps (puisqu’il a la notion d’avant/après). Pour nous, grandir, murir, c’est développer notre conscience cognitive, aller vers de plus en plus de formalisme dans notre pensée, vers un jeu de représentations de plus en plus riches, structurées et codifiées. Vivre, pour l’humain, c’est constamment écrire sa biographie. Nous sommes tous historien, romancier, biographe de notre vie.

André Malraux disais que dans la perspective de la mort le plus difficile était d’admettre que l’on allait cesser d’écrire notre biographie !

Pour reprendre le distinguo entre l’humain et l’animal disons que :

L’animal vit ses émotions dans le temps présent, il réagit aux sollicitations, il se souvient, mais il n’organise pas son vécu, ne représente pas ses émotions. Il a la notion de l’espace mais n’a que la notion du temps que peut avoir un nourrisson.

Évidemment, les animaux peuvent avoir un embryon de conscience cognitive, mais elle est très peu développée et ils réagissent à l’émotion et pas à la raison. Chez les animaux en contact étroit avec l’humain (comme les animaux de compagnie) cette conscience peut, par l’éducation , le dressage, la confrontation, se développer quelque peu. Cependant elle restera toujours embryonnaire. Dans ses relations avec son maitre l’animal ne répond pas aux sollicitations, il y réagit. Bien sûr, le maitre, avec son anthropomorphisme naturel, analyse cette réaction comme une réponse mais il n’en est rien. 

Nous voilà, maintenant, décrit comme des êtres sans but, sans finalité, sans perspective. Des sortes de « No futur », en train d’écrire un récit sans objectif, de dérouler une vie sans savoir où l’on va. Vivre comme cela, sans but ni références serai l’angoisse totale. C’est bien lot de notre condition humaine, que notre vie se déroule sur un fond d’angoisse. C’est ce qui va motiver nos comportements.

Il est très important d’accepter ce fait que le vécu de l’humain se construit sur ce fond d’incertitude, sans références à priori, sans direction ni but. Tout comportements humains, toutes pathologies, seront toujours sous-tendus par un sentiment d’angoisse et de doute, et conçu pour résorber le chaos fondamental de notre psyché.

Le développement de l’humain ira toujours vers la recherche de références, le positionnement, et la quête d’un objectif qui peut organiser ces références dans un projet. La vie n’a pas, en soi, de sens et l’humain va chercher, pour atténuer son angoisse, à lui en donner un. Chacun pourra choisir son but. Pour l’un se sera la réussite sociale, pour d’autres la vie de famille, ou une collection d’objets, un parcours guerrier, une cause à défendre, un chemin spirituel, la recherche des plaisirs, l’aventure, etc. etc. C’est autour de ce projet, pour le servir que chacun va élaborer sa conscience cognitive, ses références, son identité.

Il n’y a pas objectifs meilleurs que d’autres, tous sont arbitraires et vains, il faut en être conscient. Détruire une société ou construire un monde idéal sont deux projets aussi valable l’un que l’autre s’ils peuvent meubler une vie et forger un destin stabilisé. Évidemment tous n’ont pas la même acceptabilité sociale et certains destins doivent être contrariés 

Dans la construction de la conscience cognitive chaque émotion, chaque ressenti est évalué par la conscience déjà acquise pour en définir « l’intégrabilité » au réseau mémoire. Cette analyse sera conduite pour resituer l’événement par rapport aux références, à la structure déjà acquise, et par référence à l’objectif choisit (but de la vie). La conscience se développe, alors, dans une direction bien déterminée, dans le sens qu’on a voulu donner à sa vie. La vie, en tant que telle, n’a aucun sens, ni aucune finalité. C’est nous qui lui donnons un sens afin que toutes nos références, nos positionnements, s’organisent autour de ce fil rouge. Ce sens de la vie sera la colonne vertébrale de notre conscience, c’est à dire de notre identité.

Se fabriquer une identité est pour nous le moyen d’échapper au chaos, de lutter contre l’angoisse primitive. On peut dire que ce chaos originel serai l’équivalent du péché originel des religions monothéistes occidentales (chaos sur lequel on construit un humain).

 Si les références explosent (comme dans le cas d’une dépression) les valeurs qui constituent les paramètres de notre vie se perdent. Sans références (ou du moins sans toutes ses références) l’individu se retrouve confronté à l’angoisse fondamentale qui caractérise tout être humain. Dans la dépression, sans valeurs et références, la vie n’a plus de sens, les événements et les êtres n’ont plus d’importance. Il n’y a plus aucune raison pour agir dans un sens ou un autre.

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