skip to Main Content
1-800-987-654 admin@totalwptheme.com

1820-1970  UNE ENTREPRISE EN PLEINE ASCENSION TOUT COMMENCE À GRASSE EN… 1820 !

Tout le monde ne le sait peut-être pas, mais l’Usine d’Argenteuil est intimement liée à l’histoire de Roure, fabricant de matières premières pour la Parfumerie, créée à Grasse en 1820, par Claude Roure. A cette époque, l’activité de la Parfumerie se limite à la fabrication de pommades, d’essences, d’eaux de roses, de fleurs d’oranger… La Société, devenue Roure- Bertrand, puis Roure-Bertrand Fils en 1845, se développe régulièrement, devenant notamment l’un des principaux fournisseurs de l’essence de Néroli, constituant essentiel de l’Eau de Cologne.

UNE INVENTION DÉCISIVE : LES CONCRÈTES

C’est vraiment à partir de 1873 que son histoire s’accélère, quand la Société présente à l’Exposition Universelle de Vienne les «concrètes», obtenues par évaporation sous vide de l’alcool des lavages des pommades à froid. Cette innovation constitue un pas décisif pour toute l’Industrie de la Parfumerie ! Sans tarder, Roure-Bertrand Fils s’appuie sur ce procédé pour mettre au point une technique d’extraction des parfums par les solvants volatils, capable de traiter toutes les matières premières (fleurs, feuilles, puis progressivement gommes, résines, mousses, racines, etc.). Les absolues viennent de faire leur apparition. Cette avancée lui vaut un Grand Prix à l’Exposition Universelle de 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VERS LA CRÉATION D’UNE PETITE USINE DE PRODUITS DE SYNTHÈSE

En 1902, tandis qu’à Grasse, sept batteries d’extraction par les hydrocarbures sont installées (qui traiteront jusqu’à 15 000 kilos de fleurs par jour !), le successeur de Claude Roure, Louis Roure, un brillant Parfumeur, a une intuition qui s’avèrera visionnaire. Convaincu du potentiel que pourrait apporter la Chimie Organique à la Parfumerie, alors jugée peu digne d’intérêt, il crée avec l’aide de son ami chimiste, Justin Dupont, une petite usine de produits de synthèse à Argenteuil. Sa raison sociale : Société Anonyme des Etablissements Justin Dupont. Celle-ci restera autonome jusqu’en 1926, car, à l’époque, il n’est pas question de brouiller l’image de l’Usine de Grasse, qui produit les essences naturelles !

ROURE-BERTRAND FILS ET JUSTIN DUPONT FUSIONNENT

Progressivement, les opinions évoluent: les produits de synthèse, qui enrichissent considérablement la palette olfactive, commencent à être reconnus et appréciés. La Société Dupont rejoint alors logiquement sa Maison mère, en 1926, pour devenir Roure-Bertrand Fils & Justin Dupont. L’époque est faste pour la Parfumerie, avec le développement de Parfums de Luxe par les grands Couturiers parisiens. Les savons de toilette et autres articles cosmétiques de masse connaissent également une forte croissance. C’est précisément à
cette période, en 1927, que Louis Amie, neveu de Louis Roure, rejoint l’entreprise à la Direction des Affaires Commerciales. Il y restera jusqu’en 1970, imprimant sa marque et contribuant fortement à son développement.

PARIS DEVIENT LE COEUR DE L’ACTIVITÉ

1944 marque un tournant à plusieurs titres. D’abord, parce que la Maison Roure choisit,
la première, de développer les compositions. Elle crée, donc, un important Laboratoire de Parfumerie et de Mélanges à Neuilly-sur-Seine, devenant alors la première Maison française et l’une des premières d’Europe. Cette décision signera la poursuite de nombreux succès de Parfums couture, parmi lesquels, après Shocking de Schiaparelli en 1937, L’Air du Temps de Nina Ricci en 1948, le mythique Opium d’Yves Saint Laurent en 1977 (qui sera le plus complexe à fabriquer et aussi le plus vendu !, Poison de Dior en 1985 et Loulou de Cacharel en 1987. Derrière la création de certaines de ces signatures emblématiques de la Haute Parfumerie et de nombreux autres parfums prestigieux, un homme: Jean Amie, qui, après avoir assuré la direction de Roure Dupont Inc. à New York de 1964 à 1970, rentrera en France en tant que Directeur du Marketing et de la Parfumerie. Il succède ensuite, en 1980, à Charles Vidal à la Présidence de la Société française et de l’ensemble du Groupe (Roure d’abord, Givaudan-Roure ensuite), et ce, jusqu’à l’aube de l’an 2000.
Pendant toutes ces années, Jean Amic a été la référence de la créativité et du savoir-faire en Parfumerie, tandis que, pour la Direction des Opérations, de l’Administration et des Finances, il a su s’appuyer sur François Weymuller. Toujours en 1944, une autre décision importante est prise : le Siège Social est transféré de Grasse à Paris, au 47 bis rue du Rocher, avant finalement d’être installé rue Legendre. Il y accueille les services administratifs. L’esprit familial demeure, en témoignent les souvenirs émus des collaborateurs, qui évoquent avec nostalgie les bons petits plats maison préparés par Marie-Thérèse, la cantinière qui allait faire ses courses, rue de Lévis!

L’ARRIVÉE DE HOFFMANN-LA ROCHE DANS LE CAPITAL

Entre 1963 et 1965, la Société se rapproche, par un concours de circonstances, de Hoffmann-La Roche. Le Directeur du Centre de Recherche de Grasse, Paul Teisseire, vient de mettre au point la synthèse du linalol et celle de la béta-ionone, dont la Société Hoffmann-La Roche a précisément déposé les brevets. Un accord est conclu entre les deux Sociétés: Roure fabrique les produits d’Hoffmann-La Roche qui, en contrepartie, l’aide à investir dans la Recherche. C’est ainsi qu’un nouveau Centre de Recherche, à la pointe pour l’époque, voit le jour à Grasse en 1968.

 

1970- 2010  LA PÉRIODE DES TRANSFORMATIONS L’INSTALLATION DÉFINITIVE À ARGENTEUIL

En 1973, la Société a besoin de s’agrandir. Elle envisage, dans un premier temps, de racheter un terrain à Grasse, mais, finalement, opte pour Argenteuil. Elle y regroupera, deux ans plus tard, toutes ses activités parisiennes: le Siège Social, la Salle de Mélanges et l’activité Chimie de Synthèse, faisant construire, en même temps, les deux bâtiments que nous appelons aujourd’hui Vanille et Santal. La Société compte, alors, près de 700 collaborateurs répartis entre Argenteuil et Grasse. Elle modifie sa raison sociale, qui devient Roure Bertrand Dupont.

DES MÉTIERS TRÈS DIVERS …

Sur le site d’Argenteuil, l’Usine chimique regroupe plusieurs types d’ateliers : certains fabriquent les produits de synthèse, d’autres purifient les produits synthétisés ou transformés, à partir de bases naturelles fabriquées à Grasse (comme les essences de vétiver, de géranium, de mousse de chêne, d’iris, de rose, etc.). A côté des salariés de la production, il y a ceux qui entretiennent l’usine et les bâtiments, au moins aussi nombreux. «Tous les corps de métier sont représentés: électriciens, maçons, peintres, menuisiers », détaille Jacques Grezis.

DES MÉTHODES D’UNE AUTRE ÉPOQUE!

«Les molécules étaient compliquées à réaliser: elles nécessitaient jusqu’à dix étapes différentes et comportaient des réactions parfois dangereuses», indique Jean-Pierre Maratrey. Difficile aujourd’hui d’imaginer les outils et méthodes de travail d’alors, caractéristiques, il est vrai, d’une époque qui n’avait pas encore formalisé les normes de sécurité, de traçabilité, et qui ne disposait d’aucun outil informatique! Les fabrications se faisaient dans des locaux peu adaptés, «des petits pavillons transformés en ateliers», se souviennent les chimistes. Ainsi, le Laboratoire de Recherche Technique & Développement avait-il été installé dans une de ces maisons individuelles, occupant jusqu’à la cave!

Côté process de fabrication, tout était effectué manuellement, les pesées comme les mélanges. «Pour communiquer aux préparateurs les poids des ingrédients dans les formules, complète Gérard Huan, nous nous servions de fiches cartons pré-imprimées sur lesquelles étaient indiquées les quantités pour un poids de référence. Pour trouver le poids nécessaire à la préparation, il fallait utiliser un coefficient multiplicateur et l’inscrire alors, sur la fiche, au crayon de papier.

Quand l’opération était terminée, nous gommions et rangions la fiche avant de la réutiliser la fois d’après.  C’était aussi simple que cela !»

«Les inventaires aussi étaient réalisés au jugé», se souvient Dominique Gleize, arrivé en 1975.

L’ENVIRONNEMENT ET LA SÉCURITÉ, DES NOTIONS ENCORE BALBUTIANTES

Les règles en matière d’environnement n’étaient pas du tout celles que l’on connaît aujourd’hui. «La rivière qui coulait à Grasse sentait le parfum !», rappelle Jean- David Benoît. Sur le plan de la sécurité, les process étaient également bien moins formalisés, même si le site d’Argenteuil était étroitement surveillé. «Il faut savoir qu’il était en permanence relié à cinq casernes de pompiers, prêtes à intervenir dans le quart d’heure», commente Philippe Brombach. Des précautions justifiées: l’usine contenait quantité de matières premières dangereuses, instables et explosives. De l’éther, de l’acide sulfurique, du benzène, parfois stockés à l’air libre! Mais aussi du cyanure de sodium, du sodium, de l’acroléïne (dont une goutte suffit à faire évacuer toute une salle !, de l’hydrure d’aluminium, de l’acétylène gazeux et du brome. «Il y avait d’ailleurs une prime d’insalubrité, car les conditions de travail étaient difficiles», ajoute Serge Lemaître. Fort heureusement, un seul accident grave sera à déplorer en 1979, suite à l’explosion d’un hydrogénateur, qui fera un blessé!

LA RÉVOLUTION INFORMATIQUE
Tout change, avec l’introduction de l’informatique puis de la robotique dans les années 80.

«Le mot de révolution n’est pas trop fort 1», souligne Philippe Trouillet. L’environnement, l’hygiène et la sécurité se structurent peu à peu. Les achats, la gestion de production et les contrôles s’automatisent, permettant de gagner en temps, en qualité et en sécurité, grâce à une précision et une traçabilité accrues. Parallèlement, par souci de rentabilité, les petits clients (à l’image des 20 kilogrammes d’Eau de Cologne fournis chaque année à un couvent de Bénédictines) sont abandonnés: les ateliers de synthèse ne réalisent plus qu’une cinquantaine de molécules sur les 200 initialement fabriquées. En 1988, la Société prend le nom de Roure

UNE NOUVELLE DIMENSION AVEC GIVAUDAN

Effective à partir de 1992, la fusion avec Givaudan va encore accélérer le processus de modernisation: la décision est prise d’arrêter définitivement les productions de matières premières naturelles et de synthèse, à Grasse et à Argenteuil. En parallèle, toutes les activités de Création et de Développement sont transférées à Argenteuil et donneront naissance à l’ECC, puis à Kléber.

La qualité devient le fer de lance, avec les normes ISO 9000. Les règles et les méthodes de travail se formalisent beaucoup plus. L’entreprise s’internationalise, s’équipant avec SAP d’un réseau informatique mondial. «Dans une organisation manuelle, une attention permanente et constante est nécessaire. Avec ces évolutions, les activités ont été davantage sécurisées. Même si ces changements ont représenté pour certains collaborateurs un vrai choc culturel, ils en ont ensuite perçu les bénéfices, y compris pour eux-mêmes», indique Jean-Marc Lecerf

Les progrès sont considérables: en l’espace de 20 ans, la production de la Salle de Mélanges sera passée de 150 à 1 500 tonnes, les pesées de 500 à 5 000 par jour, les délais de fabrication d’un mois à 16 jours, puis à 5 jours!

2010 : L’AVENTURE INDUSTRIELLE D’ARGENTEUIL SE TERMINE
Afin de rationaliser, en Europe, les sites de fabrication pour la Parfumerie, la décision est prise de fermer la Salle de Mélanges d’Argenteuil.

En conclusion, laissons la parole à Frédéric Aubertin: «Grâce à l’ambiance très conviviale, j’ai toujours eu envie de me lever le matin pour venir travailler !»

L’envie. C’est peut-être le mot qui caractérise le mieux les collaborateurs que nous avons rencontrés, tous des passionnés sans exception.

 

Back To Top