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Les Etablissements de Grasse

Là, on rentre dans le dur: il s’agit du sort d’environ 450 salariés, du berceau de Roure, d’une production originale du groupe: les produits aromatiques naturels et d’un Centre de Recherche de conception très récente (1968).

1 . Centre de Recherche

Doublon absolu avec le Centre de Recherche de Givaudan à Dübendort. On me demande donc de fermer le Centre de Grasse et de vendre terrain et immeubles.

Réunion, un Lundi matin, avec le personnel du Centre (+ ou – 35 personnes). Comme m’avait dit, durant le week-end, un membre de ma famille: «Tu suais d’angoisse». Et c’était vrai!

On arrive, néanmoins, à trouver des solutions pour le personnel. Solutions qui seront précisées dans la rubrique «Plan social».

La fin du Centre ne fut pas glorieuse. Nous avons vendu terrain et immeubles au groupe Décathlon et le Centre détruit est devenu un symbole de «À fond la forme», sous les gémissements de Mme Teisseire qui se lamentait: «Si Paul voyait çà». Elle n’avait pas tout-à-fait tort.

 

  1. L’Usine de Grasse

Comment s’en sortir? Le sentiment général était que l’Etablissement perdait de l’argent, ce qui était probable, mais pas vraiment démontré.

D’autre part, le traitement des plantes à parfum qui avait fait la richesse de Grasse, aux siècles précédents, était concurrencé et menacé par les productions « délocalisées »: Inde, Egypte, Turquie, Bulgarie etc. Enfin, le site nécessitait une restructuration industrielle importante dont le groupe n’était pas prêt à assurer le financement.

Donc on ferme. Oui, mais encore?

Deux problèmes de base:

– le sort du personnel

– la sécurisation de l’approvisionnement des Salles de mélange du groupe en composants  aromatiques de qualité.

Le sort du personnel sera évoqué dans la rubrique «Plan Social».

La sécurisation des Appros en Naturels fait l’objet de la rubrique suivante «Biolandes».

3 . Biolandes

J’ai mentionné, plus haut, nos accords de coopération avec Biolandes pour le traitement
du Ciste labdanum en Espagne et de la Rose en Turquie.

Mais qu’est-ce que Biolandes ?

C’est avant tout un homme: Dominique Coutière.

Dominique est pour moi l’exemple parfait de «l’Entrepreneur».

D’origine modeste et provinciale, il intègre Centrale, en sort pour aller voir ce qui se passe au Canada, d’où il rentre dans ses Landes natales avec l’idée d’utiliser la ressource locale: le pin.

Il réussit l’utilisation des différentes parties de cet arbre (exploité, au XIXe siècle, comme matière première pour les traverses de chemin de fer) : source d’énergie, compost pour plantations, distillation de l’essence de pin etc.

Il élargit sa gamme en association avec un Groupe international de Couture/Parfumerie et
développe la production des dérivés du Ciste labdanum (on en a déjà parlé), de la Rose, de l’Ylang ylang, de la Lavande/Lavandin, de l’Iris, de la Mousse d’arbre etc.

Bien que très différents par notre origine, notre formation, notre caractère, j’ai toujours eu pour Dominique un grand respect et une amitié certaine.

Et il va me (nous) sortir une belle épine du pied.

Nous élaborons une «Coopération »[1] aux termes de laquelle Biolandes reprend + ou – 150
employés de l’Usine Roure, assure la continuité d’un grand nombre de fabrications et transfère stocks et matériel sur le site ex Ouest du quartier St Joseph à Grasse.

Avec, à la clé, un accord d’exclusivité d’approvisionnement pour 10 ans par le Groupe Givaudan Roure de toute une gamme de Produits Aromatiques Naturels.

Je crois savoir que ce contrat d’exclusivité a été fort critiqué après mon départ du groupe, mais a repris tout son intérêt, puisque même, il y a quelques années, l’Executive Committee de Givaudan a été visiter les installations de Biolandes à le Sen et les vignobles du Château des Fougères, Clos Montesquieu.

4 .Quid du Site de l’Avenue Pierre Sémard et des terrains du Plan, propriété de Roure?
Grâce à mes bonnes relations avec le Maire de l’époque, Jean-Pierre Leleux, la Municipalité de Grasse se porte acquéreur:

 

de l’Usine

Plusieurs bâtiments, entre autres le Distilloir et la Salle de Réception des fleurs sont inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques, sur l’intervention de Sophie Weymuller- Kovalevsky ; la Communauté Urbaine s’installe dans le bâtiment des Bureaux, l’ex bâtiment des Expéditions se transforme en Pharmacie, et le bureau du Personnel est converti en Bar : «Le Roure»[2] Les Extraits abritent aujourd’hui un ensemble de bureaux et de laboratoires.

La partie basse du site, débarrassée des bâtiments industriels, au-dessus du chemin de la Madeleine, a permis la réalisation d’un ensemble immobilier de qualité.

L’Usine B et la Cantine laissent place à une Clinique et à un … parking.

Pour l’esthétique, on ne peut parler d’une friche industrielle, bien au contraire.
Pour les nostalgiques du Jasmin, de la Rose et du Genêt, c’est une autre histoire.

des Terrains du Plan qui vont être, ultérieurement, occupés par des «confrères» Robertet, Charabot etc.

Enfin, dernier crève-coeur, il faut se débarrasser de la plantation et de la distillerie du Haut Lauris que nous vendons à un forban bas-alpin, sans parler de la distillerie d’Allemagne en Provence.

Bien des années plus tard, Givaudan se prend de passion pour le lavandin. Je leur rappelle alors que Roure était propriétaire de 200 hectares, sur le plateau de Valensole, de deux distilleries où nous assurions une production importante de lavandin et de sauge sclarée (et accessoirement de truffes ) … Troppo tardi !

 

[1] Contrat longuement discuté (au cours d’interminables réunions qui se terminaient fort tard) au sein du Cabinet d’Avocats dirigé par la mère des 2 frères propriétaires du Groupe associé de Biolandes, installé au cœur du Parc Monceau. J’étais moi-même conseillé par le Cabinet Lefebvre (qui, hasard, avait loué l’immeuble de la rue Legendre, ancien siège de Roure). Mes conseils étaient B. Peillon et L. Mion, frère de Frédéric qui a pris, récemment, les rênes de la rue St Guillaume.

[2] Dernier vestige de la maison Roure, décédé en 2000, à l’âge de 180 ans

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