En Avril 1971, je débarque à l’Usine de Grasse pour me trouver en pleine tempête.
On m’installe dans un très beau bureau qui a été celui de François Amie, puis celui de son neveu Pierre Fabre. Qui est ce dernier?
Pierre Fabre est le fils de Thérèse Fabre, née Amic, sœur de Louis et de François. Il est donc «de la famille».
Mais, quelque temps auparavant, il a quitté Roure et racheté une petite Société concurrente, la «Compagnie d’Arqeville»8. Et depuis, il s’emploie à débaucher différents collaborateurs dont des Parfumeurs/Voyageurs en charge, en particulier, des marchés Espagne/Portugal, Italie, Scandinavie, France Province. C’est la guerre des clans: les tenants de Pierre Blaizot qui a pris la suite de Pierre Fabre, comme Directeur de l’Etablissement et les «traîtres» qui ont ou vont quitter Roure.
Quelle ambiance ! Ragots, hypothèses diverses, bruits de couloir. Tu pars ? Tu restes ? etc. Bref, la bouillabaisse à la grassoise.
Mais il faut bien assurer et je me vois vite chargé des marchés Espagnol/Portugais et Italien (via notre filiale de Milan).
Il s’agit de rassurer les clients et de faire face à la forte concurrence d’Argeville, puisque plusieurs Parfumeurs/Voyageurs (et non des moindres) sont partis avec toutes les informations utiles concernant les formules, les prix de revient et les prix de vente. Ils ont donc le pain et le couteau pour nous emmerder.
Nous avons survécu, mais ce fut pour moi un rude apprentissage et ces histoires de formules n’ont pas fini de me préoccuper.
