Annexe IV
La notion de temps telle que nous la connaissons est relativement récente.
Elle a été théorisée par Newton en 1687 dans ses « principia mathématica ». Pour lui le temps est universel et éternel. Il existe (tout comme l’espace) en dehors de l’homme de la matière et de l’énergie. Qu’il soit peuplé ou non le temps (comme l’espace) existe et s’écoule. Présenté comme tel le temps est une transcendance à l’homme, de nature quasi religieuse. Ceci correspond à la vision chrétienne du dieu ayant créé l’univers, donc le temps et l’espace. Ces deux grandeurs de nature divine échappent à tout contrôle par l’humain.
C’est toujours ce concept de temps que nous utilisons, sans en avoir pleine conscience, tous les jours dans notre vie quotidienne.
Temps et durée
En fait quand nous utilisons la notion du temps nous utilisons, sans nous en rendre compte, la notion de durée.
Si je dis : « Nous sommes en 2020 », il ne s’agit nullement d’une position dans le temps, cela signifie qu’il s’est écoulé 2020 années depuis notre « origine du temps » placée en l’an zéro, année supposée de la naissance de Jésus Christ. Comme celle- ci, origine des temps, et plutôt incertaines on comprend que mon affirmation que nous sommes en 2020 est loin d’être fiable.
Dans beaucoup de systèmes informatique la date (ou le temps) correspond au nombre de secondes écoulées depuis le 1 janvier 1970. Ce temps est universel puisqu’il ne dépend pas de la géographie du lieu. Ici encore il s’agit de durée. Lorsque l’on dit : « combien de temps faut-il pour aller de Paris à Marseille », il s’agit bien de durée et non de temps.
La mesure du temps
Le temps ne se mesure pas et seule la mesure de la durée nous est accessible. C’est une mesure que l’on peut qualifier de différentielle et référentielle. Elle suppose un début, une fin (différentielle) et une unité de mesure (référentielle), ce qui est le cas général pour les mesures.
Début et fin sont des paramètres qui sont véritablement liés au temps mais qui ne nous sont pas directement accessibles, sauf sous forme de durée chacun d’eux étant évalué par rapport à la même origine (an zéro). C’est, en fait, la différence entre ces deux durées qui représente la durée que nous cherchons à évaluer.
L’unité de mesure, dans ce cas appelée base de temps sert à quantitativer cette durée et la rendre intelligible.
Ce schéma est celui de toutes les mesures classiques. Pour mesurer une distance, on a (à l’origine mais ce n’est plus d’actualité) pris une barre de métal de très faible coefficient de dilatation et décidé que cela représentait le mètre (dit mètre étalon). Il suffisait alors d’évaluer combien de fois ce mètre pouvait être contenu dans la distance à évaluer pour obtenir cette distance en mètre.
On sait donc mesurer cette distance en mètres, mais on ne sait toujours pas dans l’absolu, combien mesure 1 mètre !
Pour le temps on a utilisé diverses unités (bases de temps)
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- 1) Laplusconnueestlejour,diviséen24heures,quireprésenteladuréed’une rotation de la terre sur elle-même. Elle est théoriquement invariante à notre petite échelle, mais en fait elle varie très doucement dans le temps
- 2) On a utilisé pour définir l’année la rotation de la terre autour du soleil (elle aussi supposée en première approximation constante).
- 3) Nousutilisonsdoncdeuxbasesdetempsdifférentesetsanscohérences entre elles. En fait l’année représente 356,2422 rotations de la terre sur elle- même. Pour rétablir la cohérence on ajoute tous les quatre ans à l’année le 29 février pour retrouver une certaine cohérence, du moins à l’échelle des réalités quotidiennes. D’autres correction plus fines sont menées périodiquement pour tenir compte du fait que 0,2422 n’est pas 0,25
- 4) Onadepuisdéfinibiend’autresbasesdetempsbeaucoupplusprécises fondées sur des vibrations atomiques, mais cela ne modifie pas le principe général de mesure : début, fin, unité.
- 5) Maisavectoutcelaonnesaittoujourspas,dansl’absolu,combiendetemps met la terre à tourner sur elle-même, combien de temps met la terre pour tourner autour du soleil, combien mesure un mètre, ou combien pèse un kilo
Passé, Présent, Avenir
Ces trois concepts sont étroitement liés à la notion de temps. Pour mieux les comprendre livrons nous à une petite expérience :
Pensons successivement à un évènement de notre passé, à une événement présent, et à un événement anticipé dans notre futur.
C’est fait ? Alors continuons
C’est trois événement, nous y avons pensé, nous les avons vécus ou revécus uniquement dans le temps présent. Il nous est impossible de revivre le passé autrement que dans notre présent, de même que nous ne pouvons imaginer notre futur que dans le temps présent.
Dans cette vision, passé, présent, avenir, se confondent dans une forme d’universalité du temps. Ils ne sont plus qu’une chronologie des évènements, avant – après, ou cause – effet. Le déroulement des événement dans le temps est la simple construction d’un réseau de relations logiques, un faisceau relationnel entre les évènements. Le temps devient d’essence humaine puisqu’il se construit à partir de la perception des évènements, du vécu de chacun. Il perd son caractère universel pour devenir personnel comme toutes les perceptions. En mécanique quantique, Maxwell a montré que l’évolution d’une entité ne dépendait que de son état présent en remettant en cause la notion physique de passé et de futur.
On est donc face à deux conception très différentes :
- 1) Le temps dit « Newtonien » de nature transcendantale, rapidement transformé en religion. Il est universel … et si j’osais je dirai intemporel et éternel. Ceci représente exactement la nature divine. Dans cette notion le temps se fiche pas mal des hommes, ce sont les hommes qui ont besoin du temps.
- 2) La notion que j’ai décrite plus haut dans laquelle le temps n’a plus son côté magique et transcendantal. Il est issu, et fabriqué par les humains. C’est le temps qui a besoin des hommes pour exister
Conclusion
Selon ce qui est exposé au-dessus la question : « Le temps existe-t-il ? » peut en fait se ramener à : « Dieu existe-t-il ? » c’est à dire à une question qui n’a aucune
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réponse. Je dois dire, qu’il me semble, que dès qu’une notion commence à flirter avec la métaphysique elle débouche inévitablement sur la question de l’existence de dieu.
–Temps populaire
Tel que décrit par Newton. C’est le temps des religieux, de ce qui croient en un Dieu créateur de l’univers, même s’il sont persuadés de ne pas croire. Il nous est pratique dans la vie quotidienne car conforme à la philosophie populaire, il s’accommode de toutes nos convictions et ne heurte personne. Cependant ils est en désaccord avec la pensée moderne et crée un fossé entre les « sachants » et « le peuple » Il est pratique mais obsolète. Dans cette définition le temps est dit contigent car il dépend d’une force extérieure.
Le temps de la psychologie relativiste
C’est le plus proche de celui des physiciens. Il tend à se passer de dieu, sans se passer toute fois d’une certaine pensée transcendantale dont il aurait sans doute besoin pour aller plus loin dans son analyse. Le temps est un arrangement chronologique des évènements dans notre conscience, c’est cette chronologie qui secrète la durée, grandeur que nous pouvons évaluer mais pas mesurer dans l’absolu. Ce qui explique que dans cette conception l’absolu est rejeté. Dans cette définition le temps est immanent, c’est à dire auto généré.
–Le temps des physiciens
incompréhensible pour les « humanoïdes ». Il résulte de la théorisation de la matière et peut varier en fonction des théories. Le temps de la relativité peut ne pas être celui des quantiques. La notion évolue en fonction des progrès de la physique.
PS : Pour répondre à la question posée, le temps existe-il ? citons :
Fernand Raynaud : « ça dépend, si y a du vent ! »
Ou
Laspales : « Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes ! » ou encore : « C’est vous qui voyez ! »
Chacun croit à sa version. Dieu existe, le temps est transcendantal, Dieu n’existe pas, le temps est du domaine de l’humain. Dans tous les cas le temps n’existe pas car s’il est transcendant il est du domaine de la croyance et non de la réalité humaine et s’il est une construction de l’esprit humain il n’a pas d’existence propre car il n’existe que sous formes d’images mentale dans notre conscience … ce qui n’est pas très différent d’une croyance !