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Positionnement et proximité des éducateurs

La psychologie relativiste a fait du positionnement la colonne vertébrale de toute relation. Il est la base de l’analyse critique de tout événement et de la prise d’identité d’un individu. Ceci mérite donc que l’on s’attarde un peu sur cette notion.

Prenons pour exemple le positionnement dans l’espace et examinons comment la proximité peut jouer dans cette fonction. Commençons par un petit exemple pour illustrer le propos.

Mettons-nous tout près d’une personne. Il devient difficile de l’appréhender visuellement dans son ensemble. Si on lève les yeux on aperçoit son visage, si on baisse les yeux on aperçoit ses pieds. On ne pourra se positionner, vis à vis d’elle, que de façon partielle, morcellaire, ou dynamique en visant alternativement le haut (le visage) et le bas (les pieds).

Si cette personne est située, disons à 20 mètres, on l’appréhende dans sa globalité et notre positionnement par rapport à elle est total.

Si cette personne est maintenant éloignée, disons à 100 mètres, elle n’est plus qu’un élément dans notre champs visuel parmi de nombreux autres. Notre relation à elle est minimisée et diluée parmi nos relations à tous les objets observés. Notre positionnement à l’objet redevient incertain.

Le positionnement est clairement établi lorsque l’objet de ce positionnement occupe entièrement notre champs de vision. C’est dans ces conditions que notre référencement spatial à lui est clairement défini. Pour une bonne construction de références il faut que l’objet de la relation soit clairement identifié dans son intégrité, clairement différencié du sujet qui l’observe, et le plus stable possible. La stabilité de l’observateur sera également un facteur essentiel d’une bonne relation.

Transposons cette exemple dans un domaine ou le positionnement, la référence, est un élément fondamental, j’ai cité l’éducation.

L’enfant pour se former à besoin de référants qui sont généralement les parents ou les éducateurs. La proximité affective, intellectuelle du référant sera un élément essentiel de la réussite d’une éducation, ou d’une rééducation (dans le cas d’un éducateur). La « juste distance » sera le point clé de ce succès.

Envisageons le cas d’un trop grande proximité, dans le cas des parents ou d’éducateurs « copains ». Le contact avec l’enfant se fait bien et la relation apparaît satisfaisante. L’enfant est en confiance, se sent accepté et la situation est apparemment harmonieuse. Pourtant, en général, cela se termine en catastrophe. L’enfant est maintenu dans une position régressive et se complait dans son cocon. Arrive un jour ou, sous la pression des circonstances, le parent ou l’éducateur se voient obligés de prendre une décision d’adulte (en principe pour le bien de l’enfant) qui l’oppose à l’enfant. Il s’en suit un drame. L’enfant se sent brutalement trahi, abandonné. Il vit cette décision comme une séparation, un petit deuil. Inutile de dire que pour un éducateur d’enfants en difficultés cette rupture de confiance avec l’enfant (qui est en difficulté généralement pour avoir vécu ce genre de situation) l’échec sera total. Non seulement l’enfant sera braqué vis à vis de son référant, mais il présentera des défenses renforcées vis à vis de tout éducateur qui pourrait tenter de prendre la relève.

Envisageons l’option contraire ou les parents ou l’éducateurs sont trop loin de l’enfant, par manque d’implication affective ou intellectuelle. Inutile de faire un dessin, comme dans le cas précédent d’un objet éloigné la référence ne se construit pas et les référants ne jouerons pas leur rôle.

Reste à trouver la juste distance qui assurera le meilleur système référentiel pour le « bambin ». Elle se situe, bien sûr, entre les deux positions extrêmes précédentes, mais où ?

Cela dépendra essentiellement de l’enfant.

Si celui-ci est en demande d’affection (c’est souvent le cas des plus jeunes) l’éducateur pourra se rapprocher de lui, aller le chercher, répondre à ses sollicitations d’amour, sans toutes fois se confondre (fusionner) avec lui. L’éducateur doit toujours rester un élément externe au système de l’enfant, faute de quoi il ne pourrait pas être un élément de référence.

Au contraire, si l’enfant est en défense contre une relation affective qui l’a déçue et contre laquelle il a pris ses « distances de sécurité » (c’est souvent le cas des plus âgés), il faudra le laisser venir, l’apprivoiser, ne pas forcer ses défenses. De toutes façons derrière ce refus de l’affection se cache un grand manque qui finiras bien par éclater au grand jour. C’est en se construisant de nouvelles références, de nouvelles certitudes que l’enfant pourra abandonner ses défenses pour retrouver une nouvelle sécurité plus gratifiante.

Le rôle d’éducateur est infiniment difficile. Les parents compensent leurs erreurs par l’amour inconditionnel qu’il portent (généralement) à leur enfant et qu’il lui conserveront pour longtemps. L’éducateur social(qui ne peut pas donner un amour éternel à tous les enfants dont il s’occupe) n’a pas ce « filet de sécurité » et de ce fait  n’a pas le « droit à l’erreur ». Il lui faut donc agir avec prudence, par petit pas, et avec patience.

PS : Il faut comprendre que l’univers de l’enfant est terriblement fusionnel et égocentrique. Pour lui les éléments extérieurs n’ont de sens que s’il sont intimement intégrés à son univers. Ses parents existent essentiellement dans la mesure de la relation qu’ils ont avec lui. Ils n’ont pas, pour l’enfant, de réalités externes comme une vie personnelle, des désirs particuliers, un existence en dehors de la relation qu’ils ont avec lui. Il faut attendre l’âge adulte pour que l’enfant se forme une identité, se différencie de son environnement pour qu’il puisse, en parallèle accorder à son environnement une existence propre. C’est le phénomène d’individuation et de maturation.

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