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Pourquoi cet antisémitisme séculaire ?

Commençons par une petite précision. On parle souvent de racisme à propos de l’antisémitisme. C’est un abus de langage. Le racisme consiste en une classification de l’espèce humaine en sous-espèces sur la base critères morphologiques ou comportementaux plus ou moins partagés. Il s’agit là d’une simple opération de taxonomie (en elle-même discutable sur l’universalité de ses critères), mais sans autre portée qu’une tentative de rationalisation. Le racisme né lorsque, à partir de cette classification,  on établit une hiérarchie entre les races et qu’à partir d’elle on accorde des droits supérieurs à certaines d’entre elles. Pour parler de l’antisémitisme cet appel à la notion de races est, néanmoins, largement instrumentalisé pour justifier le rejet d’une partie de la population mondiale.

Les « Juifs » sont une communauté, un peuple, construit autour d’une religion ou d’une histoire, mais en aucun cas une race puisqu’il existe des juifs de race blanche, Africaine ou Asiatique.

L’antisémitisme et un phénomène très ancien. Oppressés dans l’Égypte Pharaoniques, les Juifs sont encore persécutés dans l’Égypte de l’empire romain. Tout au long du moyen Âge ils resterons la cible de l’église Catholique. On leur reproche la crucifixion de Jésus, leur refus d’épouser la religion Catholique, ils sont interdit d’exercer les métiers de l’artisanat (ce qui les poussera à se lancer dans le commerce … ce qui leur sera reproché ultérieurement). Néanmoins ils sont plus poursuivit  par l’institution de l’église que par le pouvoir royal et cohabitent assez paisiblement avec les populations.

Même au « siècle des lumières » les philosophes (mis à par Diderot) reprocherons aux Juifs leur conservatisme, leur attachement à des traditions séculaires qui s’opposent aux idées « modernistes » qui sont dans l’air du temps, et leur rôle de banquier de l’aristocratie.

A partir du XIX ème siècle la raison s’impose dans la description du monde, et pour justifier de l’antisémitisme fleurissent des théories plus ou moins fantaisistes fondées sur des critères pseudo-scientifiques hautement discutables. L’apogée de l’antisémitisme vient avec l’affaire Dreyfus et la création des mouvements Sionistes. Ces derniers cherchent à démontrer l’unicité du peuple Juif comme uniquement descendant, en ligne droite, des premiers Juifs d’Israël. Cette théorie est complétement rejetée par l’histoire, les Juifs moderne étant surtout le fruit de conversions qui se sont produite au cours de l’histoire dans de nombreux pays.

De nos jours il existe un antisémitisme complétement irrationnel, plus fondé sur des fantasmes, des « on-dit », des rumeurs, des « fake news ». Aucun des arguments que l’on oppose aux Juifs ne « tient la route », mais ils sont si ancrés dans une certaines partie de la population qu’ils en deviennent presque des croyances et échappent de la sorte à toute analyse logique.

Vient immédiatement à l’esprit la question de savoir pourquoi cette communauté a, de tout temps et en toutes époques , fait l’objet de rejet. C’est un phénomène, sinon unique (puisqu’il touche également les communautés Roms), mais en tous cas tout à fait spécifique de la population juive. Il faut différencier cela des persécutions « conjoncturelles »qui ont frappés les Indiens d’Amérique du nord ou latine, des Kurdes, des Arméniens, des Bantous, des Ouigours, Aborigènes.

De ce rapide tableau historique on peut retenir plusieurs choses :

  1. L’antisémitisme c’est appuyé tantôt sur des ressorts politiques, tantôt sur des ressorts religieux (eux-mêmes fortement teintés de politique)
  2. La première cause de stigmatisation et de persécution des Juifs, le principal reproche qui leur a été fait ,est leur refus de s’intégrer aux communautés dans lesquelles ils vivaient, leur besoin d’entre-soi, leur attachement à des racines historiquement dépassées pour les autres populations.
  3. C’est un fait que le vécu d’une communauté très soudée suscite très souvent jalousie, crainte et rejet de la part des populations environnantes. Ce phénomène de rejet amène la communauté à se replier, encore plus, sur elle-même, ce qui accentue la position  de rejet. Le phénomène s’auto entretient et se perpétue dans le temps. 
  4.  Les Juifs ne sont pas les seules communautés à avoir été persécutées. Les Roms et gitans (les bohémiens), les arméniens, les kurdes, les ouigours, et toutes les communauté qui essayent de vivre entre-elles dans un univers différent qui leur devient hostile on subit le même sort. Je ne parles pas, ici, des peuples exterminés « conjoncturellement » comme les indiens d’Amérique du Nord ou du sud, Bantous, aborigènes, … mais de ceux dont l’histoire et celui d’une perpétuelle persécution.

On touche directement, ici, la notion de droit à la différence, que je préfère énoncer comme le devoir d’accepter la différence. Toute société est construite à partir d’individus forcément différents et le devoir premier pour qu’une société soit viable est le devoir de tolérance et de respect des autres dans leur  différence.

La psychologie relativiste nous fourni des pistes pour interpréter ce phénomène et le replacer dans son contexte humain (ou plutôt inhumain !)

Dans l’évolution de l’individu celui-ci passe d’une relation purement fusionnelle, dans laquelle le sujet est en totale osmose avec l’objet que constitue son environnement,  à une relation d’empathie dans laquelle le sujet se dissocie de son environnement pour devenir autonome. Il passe d’un état de dépendance à un état de liberté.

  1. Dans la fusion (premier âge) le sujet totalement intégré à son environnement est en totale dépendance vis à vis de celui-ci. Il fait partie d’un tout et n’existe pas en tant qu’individu isolé et autonome et n’a donc pas d’identité propre. La fusion est un état de sécurisation mais qui comporte un volet de dépendance.
  2. Dans la relation empathique (âge adulte) le sujet a pris ses distances avec son entourage. Il considère ses proches comme différents de lui et peut alors se distancier, positionner par rapport à eux. C’est la base de la prise d’identité. La relation empathique est un état d’autonomie, mais de prise de risques. Elle comporte donc un volet anxiogène.
  3. Au cours de son existence, au fur et à mesure de ses expérience le sujet, par l’analyse critique des situations, apprend à se positionner vis à vis des événements et donc à définir une relation vis à vis d’eux. Cette conscience d’une différence entre le sujet et l’objet de ses ressentis est la base de son « individuation », de sa prise de distance avec son environnement, et donc de la formation de son identité.
  4. Si sur le plan individuelle la différenciation entre soi et l’objet de ses ressentis est anxiogène on conçoit que l’agrégation de cette anxiété individuelle détermine, sur le plan sociétal, une réaction naturelle de rejet vis à vis de tout groupe constitué ayant des comportement « hors normes ». Ceci  conduit à une position de défense vis à vis de toute différence et explique l’attitude de rejet vis à vis des marginaux, des originaux, des étrangers, et de tout individu ou groupe d’individus de culture, mœurs, religion, différente.

Tout ceci explique le phénomène général du rejet de la différence mais n’explique pas la position agressive que de tout temps les populations ont adopté vis à vis de Juifs, et également de Roms. Ces deux populations, seules, ont dans leur langage un mot qui identifie tout ce qui n’est pas eux. C’est « Gadjo » pour les Roms et « goy » pour les Juifs. C’est à dire que pour eux il n’y a que deux types d’individus : Les juifs (ou les Roms) et les autres. Ils ont cette position particulière et séculaire de se différencier, de s’isoler parmi les autres. Passons sur des positions extrémistes comme la notion du « peuple élus » ou la position de « perpétuelles victimes », elles existent mais restent marginales, mais attachons-nous à l’essentiel. De nombreuses population, notamment les minorités, ont une tendance conjoncturelle au repli communautaire devant leur marginalisation, mais chez les Juifs et les Roms il s’agit plutôt d’une position structurelle, volontaire, et historique qui explique que ces communautés aient été au cours de l’histoire rejetés et persécutées non pas à certaines époques et dans certaines circonstances, mais de façons récurrente et perpétuelles.

L’antisémitisme et donc le fruit de la tendance au rejet des différences, inhérentes à la nature humaine, que notre organisation sociale et nos valeurs morales ont du mal à domestiquer (notre permanente intolérance basée sur la crainte) mais également par l’attitude identitaire, de façon forcenée, de ces populations.

L’antisémitisme ne sera combattu que par un effort réciproque des deux parties. Une volonté de tolérance et d’acceptation d’un coté et une volonté d’intégration de l’autre.

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