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Perfectionnisme et loi des rendements décroissants

Cette loi, énoncée par David Ricardo (1821)  est en fait bien plus ancienne. Elle résulte des travaux sur l’agriculture de Turgot (1768), ministre de Louis XVI.

En économie, la loi des rendements décroissants énonce le principe selon lequel le rendement marginal (ou productivité marginale) obtenu par l’utilisation d’un facteur de production supplémentaire (la terre, le capital, le travail ou autre) diminue, à toutes choses égales par ailleurs.

Prenons un exemple simple. Supposons un pays « théorique » de 100.000 habitants et disposant d’une force de police de 100 policiers. Le taux délinquance dans ces conditions est de 80 délits pour 1.000 habitants. Le gouvernement veut prendre des mesures pour diminuer la délinquance et embauche 50 policiers supplémentaires. (je ne suis pas sûr que cela soit la bonne méthode mais c’est juste pour illustrer l’exemple). Après étude on s’aperçoit que le taux de délinquance est tombé à 45/1.000. Encouragé par ce succès le gouvernement embauche 50 nouveaux policiers. Le taux de délinquance tombe alors à 30/1.000. Une nouvelle embauche de 50 policiers amènera le taux de délinquances à 25/1.000. Puis, on aura beau embaucher de nouveaux policiers on ne fera tomber le taux de délinquance que très faiblement et atteindre un niveau de délinquance nul sera « mission impossible »

Loi des rendements décroissants

Pour le même investissement le rendement est décroissant.

Ce petit exemple pour montrer combien il est difficile et couteux d’atteindre les objectifs de perfection que notre société s’impose. Dire que « le risque zéro n’existe pas », c’est bien mais comprendre que l’amélioration sans fins de nos exigences est infiniment couteuse, c’est mieux.

Cette loi est bien connue dans le domaine économique dans l’amélioration de process, dans la gestion des stocks, elle est moins utilisée dans les sciences humaines et les sciences politiques.

Nous exigeons de plus en plus des trains qui arrivent à l’heure, de la sureté alimentaire, de la sureté sur les routes, de meilleures performances scolaires, et pour cela nous investissons massivement pour tenter d’éliminer les derniers aléas qui nous inquiètent, mais le résultat n’est guère probant

Heureusement, la loi de Ricardo ne s’applique, comme exprimé, « qu’à toutes choses égales » par ailleurs. L’objectif fixé est en général multifactoriel. Si l’on prend l’exemple montré plus haut on peut dire que la baisse de la délinquance n’est pas uniquement lié au nombre de policiers mis en œuvre. Elle peut dépendre de l’éducation, de la façon d’utiliser ces policiers (en répression ou en prévention), du type de délinquance à éradiquer. Dans ces conditions si l’action sur le nombre de policiers s’essouffle on peut encore agir sur les autres facteurs dans lesquels on aura encore une marge de progression à peu de frais. L’optimisation se fera, non en s’entêtant à pousser l’un des paramètres à son maximum mais en jouant sur ceux qui offrent une latitude de progression facile.

Actuellement c’est dans la sécurité que notre obsession du risque zéro nous coute horriblement cher.

  1. Pour prendre un exemple récent, parlons de la sécurité à la SNCF. Le train est sans doute le moyen de transport les plus surs, et la SNCF une des compagnies les plus fiables dans le monde. Les accidents sont très rares mais ils existent et cela peut inquiéter les voyageurs. Les cheminots veulent imposer la présence d’un contrôleur dans chaque train pour améliorer une sécurité que les usagers ne demandent pas. Cette action serai très couteuse et ne contribuerai que de façon infime à la sécurité générale. La majorité des accidents se produisent aux passages à niveaux et là, la marge de progression est forte. C’est donc dans ce domaine qu’il faut investir (mais pas que ,évidemment) et non pas dans une mesure d’augmentation du personnel qui n’apporterai pratiquement rien.
  2. Dans la sécurité alimentaire la demande est très forte. Nous multiplions les réglementations, les normes, les contraintes au point que nos agriculteurs ne peuvent plus vivre. Nous nous tournons vers la filière Bio, qui paraît plus sure, mais aussi plus couteuse ou vers l’importation de denrées agricoles de prix plus abordables mais venant de pays ou nos normes ne sont pas respectées. A force de rechercher la sécurité alimentaire nous risquons de perdre notre indépendance alimentaire. Dans un futur ou l’augmentation des populations, les problèmes climatiques risquent d’entrainer des grosses pénuries alimentaires, nous risquons de payer cher nos excès de prudence.
  3. Prenons l’exemple de la sécurité dans les usine « Seveso ». On aura beau faire un maximum d’investissement dans la prévention et la sécurité on n’éliminera jamais le risque d’accident. De nombreuses usines ont été « tuées » par les investissement dans la sécurité qui on consommées le maximum des investissement laissant les investissement en production très en arrière. On a sans doute un peu amélioré (à la marge) la sécurité des populations environnantes mais de nombreuses usines ont du fermé par manque de compétitivité. Le refus de tout risques, le besoin de sécurité à tout prix pourrait nous entrainer vers des risques encore plus grands que ceux que nous voulons éviter.

La condition humaine est d’être mortel, c’est dommage mais c’est ainsi. Profitons des bons moments et ne pourrissons pas notre vie à vouloir la sauver. Carpe diem !

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