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Dans ce qui va suivre je n’utiliserais peut-être pas, dans leur imprécision, les mots, au sens où vous pourriez les comprendre. Je vais donc en donner la définition que je leur prêterai.

Ceci sera ma vision des choses, sans caractère universel. S’il en était autrement, si je détenais la vérité absolue … je serais Dieu lui-même et croyez-moi ce n’est pas une position que je convoite. J’ai bien assez de soucis avec mes problèmes personnels pour ne pas souhaiter prendre en charge les problèmes de l’univers

 

Définissons comme déterminés par la nature les comportements issus de la conscience émotionnelle sans passage par le filtre de la conscience cognitive

 

Définissons comme un tabou les comportements issus de la conscience émotionnelle, mais représenté dans la conscience cognitive non comme une symbolisation de la conscience émotionnelle, mais comme appris par l’expérience sans que le lien entre émotion et pensée ne soit réellement créé

On présente souvent le tabou comme quelque chose que l’on ne veut ou doit pas faire ou pas dire, il s’agit plutôt de quelque chose que l’on ne peut pas dire, sauf à dire des banalités, des lieux communs appris et récités. Il manque la connexion entre l’émotionnel et le cognitif qui permettrait d’exprimer sa vision, avec ses propres mots et ses propres logiques

 

Définissons comme les interdits les comportements issus de la conscience émotionnelle et représenté dans la conscience cognitive non comme un apprentissage mais comme une représentation symbolique de l’émotion construite et intégrée dans le réseau général de la conscience cognitive

Il s’agit là de trois stades successifs de développement d’un individu dans sa sphère sociale.

Comme tout cela est « un poil » abstrait pour ne pas dire abscons, rien ne vaut un exemple !

Prenons le cas du tabou de l’inceste

Dans la nature l’inceste n’est pas en soi un problème. Dans une troupe de lions, par exemple, il n’existe qu’un seul géniteur pour le groupe qui se reproduira avec toutes les femelles, y compris celles de sa descendance. Les descendants mâles seront dès leur puberté chassés du groupe par le mâle dominant. Des mécanismes compensateurs viendrons éviter la dégénérescence de la race par consanguinité. Le mâle dominant ne vit qu’une génération, il va vieillir et être chassé ou tué et remplacé par un plus jeune mâle qui va prendre en charge le groupe et assurer un renouvellement génétique dans la descendance. Dans les parcs animaliers ou se phénomène et moins prononcé du fait de la rareté des groupes, les soigneurs procèdent périodiquement à des échanges de population entre groupes de parcs différent pour assurer, artificiellement, le brassage génétique. Dans ces groupes les comportements sont essentiellement dictés par la conscience émotionnelle, (ce qui ne signifie pas que leur conscience cognitive soit totalement absente – preuve en est l’organisation en groupe, les structures hiérarchiques qui représentent une certaine conscience morale et une organisation de pensée logique)

 

Dans un groupe d’humanoïdes la capacité à développer une conscience cognitive est supérieure, les facultés d’apprentissage plus forte, l’observation et la mémorisation permettent, sinon d’intégrer, mais d’acquérir les images des événements extérieurs. L’individu peut constater et apprendre les conséquences de ses comportements à travers l’observation des comportements des autres et l’analyse de leurs conséquences. Si, statistiquement, il les estime néfastes, il peut les rejeter et en faire un tabou, une sorte de fatalité magique négative non expliquée et non explicable pour lui. L’absence de lien logiques intégrés entre ses ressentis émotionnels personnels et la construction mentale de sa conscience cognitive font de ce phénomène un objet quasiment religieux. Le tabou est une croyance, qui comme dieu puise ses racines dans l’incapacité à l’expliquer.

 

Avec les travaux de Mendel et des généticiens la perversion de la consanguinité à put être modélisée. Les hommes ont intégré le lien logique entre les comportements incestueux et la dégénérescence progressive de la race. Le tabou de l’inceste a perdu son caractère magico-religieux pour devenir un simple phénomène biologique observé et démontré. Le tabou s’est transformé en interdiction fixée par des règles sociales, codifiées et verbalisées. (À noter que si l’interprétation du tabou finit par être interprété comme un élément positif, il s’en suivra, non une interdiction, mais une permission)

Il est certain que ce que j’avance doit être pris dans le cadre de nos sociétés « dites » évoluées et que dans certaines contrées plus reculées, voire totalement isolées de la civilisation l’inceste puisse être encore considéré comme un tabou, voire naturel.

 

Dans l’histoire des civilisations certains tabous apparaissent et disparaissent au gré des éclaircissements sur les événements, des prises de conscience. Les tabous sur l’affaire Dreyfus, l’évocation des crimes nazis, la torture en Algérie, l’évocation d’un cancer ou d’un sida ont à peu près disparus. La critique du catholicisme est maintenant autorisée, celle du Judaïsme et de l’islam relèvent encore de l’irrationnel et sont encore partiellement de l’ordre du tabou.

 

L’anti sémitisme relève encore du magico-religieux, en tout cas chez les antisémites « pur jus ». Actuellement dans la conscience cognitive de ces individus il n’existe aucun lien logique construit entre leur approche émotionnelle et la représentation qu’ils peuvent avoir de leur profond rejet de ce qu’ils ne peuvent ni définir comme une race, ni comme une communauté homogène, ni comme le fait d’un état. Ils ne peuvent formuler, autrement qu’avec des slogans appris, ce qu’lls peuvent à titre personnel leur reprocher. Ils restent figés dans des postures plus que dans des positions et s’arcboutent à leur croyance dans une attitude paranoïaque. Il en va de même pour l’anti-islamisme qui se développe malheureusement de nos jours. Recréer le lien logique entre l’émotionnel et le cognitif serait pour ces individus la thérapeutique de dé-radicalisation.

 

Certains tabous ont la vie dure et continuent de perturber notre société. Un cas intéressant est celui des odeurs corporelles et de tous les rejets du corps humain. Dans le monde naturel, animal, l’odeur corporelle « sui-generis » est le vecteur premier de l’identité. Elle est une composante nécessaire de l’existence entre groupes de la même espèce et d’espèces différentes. Sans cette reconnaissance par les odeurs point de salut dans le monde animal. A force de sublimation de notre identité dans des composantes sociales nous avons totalement perdu les liens logiques entre les odeurs personnelles et leur représentation symboliques identitaire. (Nous sommes à ce point de vue proche des néo-nazis qui n’ont pas créés les bons liens entre leur perception émotionnelle de la judéité et la représentation symbolique qu’ils en ont) L’usage des déodorants, désodorisants, et la négation même de notre animalité, de notre origine. Seul les « amoureux » qui vivent sur un mode fusionnel, donc plus proche du monde archaïque, émotionnel, peuvent évoquer le fait qu’ils reconnaissent l’odeur de leur partenaire !

 

De nos jours, le tabou des tabous reste bien sur celui de la sexualité, il est l’un des fléaux du monde moderne. Nous ne savons ni le gérer, ni l’encadrer, que ce soit à titre personnel ou social.

Dans la nature la sexualité et la condition « sine qua non » de la survie d’une espèce. Sans sexualité pas de reproduction, et sauf à découvrir le secret de la vie éternelle, pas de survie ! Une espèce peut survivre à tous les cataclysmes naturels, écologiques, sociétaux, mais ne peut se passer de la sexualité ! La nature qui fait bien les choses (ou qui selon Darwin fait les bonnes sélections) a su manier avec art « la carotte et le bâton ». Toute fonction nécessaire à l’existence de l’espèce est gérée par le principe du besoin-récompense qui nous incite à la mettre en œuvre. Il faut manger et boire, la nature en a fait une satisfaction. Il faut éliminer les déchets, la nature nous apporte le soulagement de vider sa vessie ou son rectum. Respirer devient si naturel que nous n’en sentons plus le coté récompense. Retenez votre respiration durant 30 seconde et aspirez une bonne bouffée d’air et vous comprendrez vite comment la respiration est un bien-être.

 

Comment ce qui est une fonction naturelle basée sur une perception émotionnelle peut en venir à constituer un tabou aussi profond et perturbant que celui de la sexualité n’est pas un problème simple. On peut schématiquement le synthétiser comme la résultante de la création d’images mentales reliées aux conséquences sociales de la sexualité, apprises et acquises non par le développement de notre propre réseau logique de représentations mentales (allant de l’émotionnel au cognitif) mais par l’observation des autres, le conditionnement social, la nécessité d’intégration au groupe, bref par des nécessités externes sans rapport à nos propres besoins. On sait bien comment les religions on voulut gommer le plaisir dans la sexualité (ce qui devrait à leurs yeux contredire totalement la volonté du créateur qui aurait, bien au contraire associé reproduction et récompense)

Avec les visions modernes de la médecine, la sexualité basique, l’accouplement ne pose plus de problème de tabou dans les sociétés modernes. Chacun, à un certain âge car cela reste encore un tabou pour les enfants qui faute d’avoir accès à des représentations formalisées de la sexualité développent leur propres images fantasmatiques créant des liens erronés entre leur perception émotionnelle et les représentations symboliques auxquelles ils auront accès à l’âge adulte– et c’est peut-être la une des sources de futurs problèmes – peut connaître et formaliser les mécanismes de la reproduction (érection, éjaculation, fertilisation par les spermatozoïdes, grossesse, ….et la reproduction n’est plus un tabou. Elle est codifiée, encadrée, normalisée. Il n’est est pas de même pour la sexualité telle que nous la vivons aujourd’hui. Le désir, l’érotisme, l’orgasme, les pratiques sexuelles, la relation entre sexe, l’homosexualité, autant d’éléments qui ne sont pas réellement intégrés à nos schémas mentaux formalisables (ils font l’objet d’un réseau de formalisation embryionaire, mi logiques, mi fantasmatiques, instable). Ce sont des choses dont on peut, à la rigueur, parler sur un pan général mais que l’on n’aborde pas sur un plan personnel. Le lien entre l’intime et le cognitif social n’est pas suffisament formalisé.

On observe un phénomène intéressant qui vient confirmer le déficit de formalisation de ces tabous, c’est l’absence de vocabulaire pour les décrire. S’il existe bien pour en parler à la fois un vocabulaire argotique (souvent empreint d’agressivité, traducteur d’une angoisse non assumée, de l’incertitude des liens entre représentations) et un vocabulaire pseudo technique (qui permet de discourir sur un plan impersonnel et non impliqué), les mots manquent pour en parler avec simplicité et naturel. Le déficit des mots traduit le déficit de capacité de formalisation. Le déficit de formalisation traduit l’incapacité à autogérer les situations et l’imprécisions des représentations mentales associées. Le vécu sur un mode acquis de l’extérieur et non intégré à son propre système représentatif ne peut être satisfaisant. C’est un conditionnement externe aliénant dans lequel un individu ne peut se sentir à l’aise. Le tabou doit toujours être considéré comme un fléau social qu’il faut combattre. Le non-dit, ou plutôt le non dicible, le non formulé ou plutôt le non formulable sont toujours les ennemis du bien être psychologique !

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