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Depuis un certain temps je publie sur ce blog des articles sur la philosophie, la psychologie, la sociologie ou l’économie. Pourtant je ne suis ni philosophe, ni psychologue, ni sociologue, et encore moins économiste. Il me paraît donc honnête de m’interroger sur le droit à écrire sur des sujets que l’on connait mal et que d’autres, de vrais experts, ont déjà explorés.

Bien sur il y a la liberté d’expression qui autorise chacun à dire ce qu’il pense (mon blog s’intitule : « On peut tout dire »). Cette règle autorise l’expression, mais ne justifie pas pour autant son contenu.

Si on parle de philosophie, qui paraît mieux placé qu’un philosophe pour donner son avis. Il a étudié tous les philosophes, Platon, Socrate, Spinoza, Bergson,Schopenhauer… et les autres, il connaît tout de tout, et son avis fait autorité. Présenté comme cela je devrais me taire et écouter mes maitres avec déférence ! C’est tout à fait vrai quand on reste dans le champ des connaissances, mais ce n’est plus aussi évident quand on entre dans le domaine du nouveau, de l’inconnu. Quand on se projette dans l’innovation, la recherche, quand on veut dépasser le domaine des connaissances, alors l’ignorant et le « sachant » se retrouvent à égalité, ou presque. On peut même aller jusqu’à dire que les connaissances seront, sinon un frein, sans doutes une limitation à la capacité d’innover.

Dans mon blog, je m’efforce de donner sur les sujets que je traite un point de vue personnel, nouveau, hors des sentiers battus, hors des croyances instituées. Un bon point pour moi !

Bien sur ce plaidoyer pour ma paroisse est un peu partisan. J’agis comme un avocat qui met en avant tous les faits qui peuvent disculper son client, en omettant soigneusement ceux qui peuvent l’inculper. La réalité est toujours plus complexe que les modèles que l’on peut en fournir.

Pour parler sur un exemple, prenons celui de l’art et de son évolution à travers le temps. Jusque après la Renaissance, la peinture ou la littérature étaient strictement codifiés, engoncés dans des canons. Pourtant cela n’a pas nuit à une grande créativité et conduit à Michel Ange, Léonard de Vinci, Ronsard, Corneille, Racine… et bien d’autres. C’est pourtant une époque ou qui ne respectait pas les règles établies était inaudible et rejeté.

Puis sont venu le Romantisme, les philosophes des lumières, les impressionnistes,.. et l’art c’est dégagé des ses entraves, c’est libéré. Ce sont encore des périodes de fortes créativité et d’innovation. On est dans une période ou qui s’accroche à des règles établies devient « ringard » et est rejeté

Nous voila donc devant un dilemme :

Les règles et les dogmes produisent de la créativité

La libération des dogmes et des règles produit de la créativité

Les contraintes sont elles un invariant dans le domaine de la créativité, un paramètre sans effets ? C’est peut probable puisque les plus anciens puisaient leur créativité dans ces règles qu’ils respectaient et les modernes dans le fait de s’en être affranchi.

En fait il n’y a pas vraiment de dilemme, mais plutôt deux façon de voir la créativité.

On peut définir une créativité que j’appellerai « axiale » qui consiste à découvrir des nouveautés dans le cadre d’un système établit. Elle creuse en profondeur le système, lui découvre de nouveaux aspects, de nouvelles propriétés. Elle enrichi le système, le perfectionne tout en restant totalement tributaire de ses conventions. Elle n’utilise pas l’intuition, mais la déduction.

L’exemple le plus typique est la découverte ou plutôt la prévision par Leverrier de l’existence de la planète Neptune par l’observation de perturbations sur la trajectoire de la planète Uranus. Par déduction Neptune devait exister, même si on ne l’avait jamais vu. Elle sera ultérieurement observée par l’astronome Allemand Johann Galle.

On peut aussi définir une créativité « transversale » qui va s’abstraire des systèmes et conventions établies pour aller explorer d’autres univers, créer d’autres systèmes. Elle se développe en dehors du système dont elle est issue et bien sur a besoin de « briser ses chaines » pour pouvoir exister. Elle utilise l’intuition plus que la déduction.

Les romans, classiques, policiers, ou de science fictions, sont un bon exemple de cette créativité. L’auteur y crée un univers dans lequel il nous entraine, nous projette, nous fait vivre. La créativité « transversale » revient à celui qui a crée ce nouvel univers et non aux innombrables auteurs, suiveurs, qui utilisent le système qui leur est offert pour faire preuve à l’intérieur de celui ci d’une créativité « axiale » qui n’est pas forcement sans intérêt.

Les processus de création sont en général un mélange de créativité « transversale » et « axiale ». Les grandes découvertes scientifiques sont généralement le fait d’une intuition passée au crible des connaissances acquises, par une analyse déductive, pour définir sa probabilité d’être. Ce n’est qu’après vérification de cette probabilité que le chercheur entreprendra ses recherches (pour des raisons de disponibilité en temps, et des raisons économiques évidentes).

Dans l’art contemporain, c’est un peu différent, les règles n’existent plus et cette vérification n’a plus de sens. Toute intuition peut faire l’objet de création, principalement dans les domaines de l’art ou la créativité demande peu d’investissements en temps et financiers. L’expression picturale moderne est très orienté vers des œuvres faites rapidement avec des matériaux peu cher. Seule la « célébrité » donne les moyens pour des expériences de création plus couteuse. Rappelons nous cependant une époque ou le simple fait de devoir acheter une toile vierge pouvait être un frein à la création ! L’architecture sera sur ce plan plus proche de la recherche scientifique, c’est un domaine ou les expériences coutent cher.

En conclusion, la connaissance donne la capacité à la créativité « axiale ». Elle permet, à l’intérieur d’un système connu, de l’approfondir par des raisonnements déductifs. Elle permet, à priori, de contrôler la validité des propositions. Sa faiblesse est qu’elle enferme l’individu dans un système bien établit dont il a du mal à s’extraire. Elle organise, donc, la créativité et l’oriente dans un domaine précis. En d’autres termes, la connaissance structure la conscience cognitive, lui donne une certaine rigidité qui gêne l’intégration des concepts nouveaux non en phase avec la structure pré-existante.

L’ignorance (ou supposée telle car elle n’est jamais totale, mais simplement moins développée, moins « pointue »!) laisse l’individu libre de laisser errer sa pensée, sans entraves ni filtres. Elle permet la créativité « transversale » qui oublie les systèmes existant pour permettre l’élaboration de nouveaux univers. Sa faiblesse est que le manque de connaissances peut amener à développer des concepts déjà existant, ou trop « farfelus » pour être acceptables. La conscience cognitive est plus lâche et accepte facilement l’intégration de concepts qui lui sont étrangers.

La créativité est en général un « mixte » des deux créativités « axiales » et « transversales ». On dit que la recherche en science est le fait de raisonnements hypothético-déductifs. La créativité « axiale » donne l’intuition de l’hypothèse, la créativité « transversale » permet les analyses déductives dans le cadre du système dans lequel s’effectue la recherche !.

Toute créativité comporte ces deux volets, il y aura toujours intuition et déduction. Selon les domaines dans lequel elle s’exprime, selon les buts recherchés, les circonstances, l’importance relative des créativités « axiales » et « transversales » peut considérablement varier.

Dans un roman, par exemple l’intuition est le moteur de la nouveauté, mais une intégration dans un système existant (même dans le cas extrême de la science fiction) reste une nécessité pour la vraisemblance et l’acceptabilité du récit.

Dans la recherche scientifique c’est la déduction qui paraît jouer le rôle principal. Cependant sans l’intuition de l’hypothèse rien n’est possible.

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