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C’est un vieux serpent de mer que d’opposer jeunes et vieux, anciens et modernes, progressistes et conservateurs. Le conflit, ou du moins la divergence d’opinions existe bien, et ce depuis de nombreuses générations.

Nous avons proposé l’évolution de l’homme au cours de son existence comme le passage d’un besoin de relations fusionnelles à une nécessite de relations empathiques.

Chez le jeune enfant, la conscience cognitive est peu développée (car les expériences ont été peu nombreuses) et la capacité d’analyse critique, de discernement est faible. Son identité est fragile et peu affirmée, et son individuation, son positionnement par rapport aux autres minime. Il construit avec son environnement (en général le milieu parental) une relation purement fusionnelle dans laquelle il n’a pas d’identité propre, mais une place qui lui a été assignée, une prise de conscience de lui-même à travers sa relation aux autres. L’absence de discernement, de capacité critique (par manque de référence acquises ) lui fournit une vision du monde sans frontières et sans limites. Sa vision est absolutiste, les comportements ne font pas appel à une analyse critique des événements en l’absence de points de comparaison, en l’absence de repères établis. Cette absence de rigidité de la conscience en font un être flottant, influençable, prêt à intégrer toute idée nouvelles qui flatte son besoin d’absolu.

A l’âge adulte, et je devrais dire plutôt à la vieillesse, la conscience cognitive s’est peuplée, les références sont formalisées, le positionnement acquis. Les points de repère pour une analyse critique des événements ou des situations permettent des comportements plus gouvernés par la raison. La relation aux autres n’est plus cet échange purement affectif qui caractérise la toute jeunesse mais un échange empathique organisé autour de l’échange entre personnalités affirmés. En même temps cette rigidité de la conscience cognitive entraine un certain “directivisme”dans les comportements, une certaine distance vis à vis des idées des autres, pouvant aller jusqu’à un certain refus du dialogue (par peur de remettre en cause toute la construction mentale acquise).

Présenté comme cela on comprend bien que la relation, la communication entre jeunes et vieux peut s’avérer difficile. Ces deux populations vivent sur des planètes différentes, ont une vision de leur monde diamétralement opposée, et tout les amène à se confronter.

En fait le problème n’est pas aussi simple. Selon le schéma proposé le conflit devrait exister entre les plus jeunes (nourrissons) et les plus vieux (vieillards) puisqu’ils sont les plus éloignés les uns des autres dans leurs visions. Il n’en est rien et les relations sont généralement excellentes entres petits enfants et grand parents (même si Papy pique un peu quand on l’embrasse!)

Il doit donc exister un autre paramètre qui complique le conflit de génération.

Il n’est pas très difficile à débusquer. Pour entrer en conflit avec quelqu’un il faut se sentir différent de lui, donc avoir déjà une identité affirmée, une conscience cognitive peuplée et organisée. Ce n’est pas le fait des très jeunes dont le besoin absolu de relations fusionnelles fait obstacle, ne permet pas, le conflit (même chez les adultes, les individus à fort besoins affectifs ont tendance à fuir les conflits ). Par contre à l’adolescence, à l’apparition de la personnalité, à la prise progressive d’identité, le conflit peut apparaître, et je dirais même doit apparaître. Non seulement l’adolescent garde une vision du monde plus « absolutiste » que ses ainés, mais dans son désir de s’affirmer, de se positionner, il à besoin d’être différent de tout ce qu’on put être, jusqu’alors ses repères : les adultes. Le terrain le plus propice à cet affirmation reste le milieu familial. Quoi de plus confortable que d’entrer en conflit avec des personnes dont on sait qu’elles ne vous ferons jamais de mal. Les parents sont le « punching ball » idéal pour les ados – il encaisse les coups mais ne les rend pas ! Ce processus de différenciation ne signifie pas : »je ne vous aimes pas », mais plutôt « je dois être moi, différent de vous » … ce que les sportifs appellent « prendre ses marques »

Le conflit qu’on a vu jusqu’ici purement personnel peut également s’étendre à des groupes constitués. Le désir d’affirmation personnelle (qui n’a peut être pas put se résoudre dans le milieu familial) va se cristalliser sur un mode sociologique. On se regroupe pour chercher ensemble son identité, on cherche une vision du monde autonome qui va permettre de se différencier de la vision « officielle », on va encore se former en s’opposant. Les ados et jeunes adultes sont encore empêtrés dans le besoin de relations fusionnelles dont ils cherchent à se dégager, le besoin d’absolu est encore très présent chez eux. Leur opposition pourra être sans mesure, sans discernement, et le passage à la radicalisation mutuelle (chez les plus immatures) n’est pas toujours très loin.

Pour compléter le tableau, n’oublions pas que le monde change très vite. Non seulement le regard que porte un ado ou un vieillard sur le monde n’est pas le même, mais le monde qu’ils regardent, lui aussi, est différent. Les jeunes vivent dans un univers décalé de vingt, trente , quarante ans de celui dans lequel évoluent les gens âgés. Un regard différent sur un monde différent, voila un terrain qui sent très fort le conflit !

Bien sur, à l’usure, les jeunes l’emportent toujours sur les vieux (qui partent au fil des ans porter leurs doléances à Saint Pierre). Mais quand les jeunes pensent avoir gagnés, ils sont devenus vieux et entrent en conflit avec de nouveaux jeunes ! La vie est un cycle.

Le conflit est une aliénation. Comme toujours, la liberté se trouve dans la prise de conscience claire des tenants et aboutissants des situations. On entre en conflit avec ce qui nous heurte, ce que l’on ne comprend pas, ce que l’on est impuissant à gérer. On accepte, ou du moins on peut tolérer ce que l’on comprend, car cette compréhension permet d’intègrer la situation, le comportement, l’événement à notre vécu, le fait notre … ce qui le rend éminemment plus acceptable.

Ne suis-je pas simplement entrain de définir l’empathie ? Mais alors, comme les jeunes ne sont pas armés pour développer des relations de ce type … revient-il aux plus anciens de faire l’effort d’acceptation ?

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