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La médiation chez les comédiens, les familles, et dans les conflits

Précisons que je ne suis pas, moi-même, comédien et mon autorité pour aborder ce sujet est très limitée. Néanmoins  je vais me permettre d’ imaginer ce que pourrait être une situation.et prendre le risque de me tromper « qui ne risque rien n’a rien !  » charge aux comédiens de me démentir si nécessaire.

Supposons que je sois comédien et que l’on me propose, par exemple le rôle de Rodrigue dans Le Cid de Corneille (tant qu’a rêver, autan taper haut)

Je dispose alors d’un texte, de quelques information sur l’époque et de mon expérience personnelle.

J’attaque courageusement et je m’efforce de construire mon personnage, le Rodrigue que je sens et que je voudrais incarner. Tout en respectant le texte il y a plusieurs façon de voir le personnage .

  1. Rodrigue fils dévoué à son père par amour plus que par devoir
  2. Rodrigue fils dévoué à son père plus par devoir que par amour
  3. Rodrigue, fils de famille riche, passionné ou capricieux décidé à en  découdre avec Don Gormas pour s‘affirmer et se donner une position
  4. Rodrigue écrasé par le poids d’une société et contraint de jouer le rôle qu’on lui a assigné
  5.  … on peut encore imaginer d’autres profils

Je commence à travailler mon texte, et supposons que je travaille une scène avec Chimène.  Je vais mettre en scène le personnage que j’ai choisi, mais je ne peux éviter d’imaginer le personnage de Chimène qui me donne la réplique. Celui-ci ne va pas interférer avec ce que je veux que mon personnage soit, mais son attitude va obligatoirement influer sur le comportement de mon Rodrigue. On ne répond pas de la même manière à une Chimène agressive, compatissante, douloureuse, ou résignée. Pour travailler, non pas ce qu’est mon personnage, mais ce que sera son comportement, je dois tenir compte de ce que j’imagine de Chimène. Il faut distinguer ce que peut être un personnage et ce que sera son comportement en réaction à une situation ou un autre personnage.

A la première répétition je lance ma première réplique. La comédienne qui interprète Chimène peut être surprise car elle n’a pas en face d’elle le Rodrigue qu’elle attendait. De même sur sa réponse je peux être surpris de ne pas retrouver la Chimène que j’avais imaginé.

Voilà donc un conflit entre deux comédiens qui doivent accorder leurs violons afin que leur dialogue devienne crédible, qu’ils jouent ensemble et non pas chacun de leur côté. Il faut accorder les personnalités des deux personnages et adapter leurs comportements à leur relation supposée.

Les choses peuvent bien se passer chacun faisant les concessions nécessaires, adaptant à la fois la vision qu’ils ont de leur personnage et leur façon d’illustrer leur comportement.

Les choses peuvent également se passer mal, chacun étant braqué sur ses positions et estimant l’autre dans l’erreur (ego surdimensionné, sentiment d’infériorisation, abus de position hiérarchique) et on se retrouve en situation de conflit ouvert. Difficile de travailler dans ses conditions.

Il est nécessaire de faire appel à un « médiateur » pour gérer le conflit et ce doit être le rôle du metteur en scène, dont l’objectif est bien sur que l’harmonie revienne et que le travail se poursuive.

Il doit donc sortir ses comédiens de ce conflit ,de niveau surtout affectif, pour le recadrer sur un mode plus rationnel.  Expliquer aux deux « adversaires » que le problème ne se situe pas au niveau qu’il lui prêtent. Qu’ils ont tous les deux raison, chacun de leur côté, que ce ne sont pas eux qui ne s’entendent pas, mais que ce sont leurs deux personnages qui ne peuvent pas coexister comme tel et se comprendre. La faute revient à Rodrigue et Chimène qui ne peuvent fonctionner ensemble. Ce n’est pas les comédiens qu’il faut remettre en cause mais leurs personnages .

C’est une phase typique de médiation entre deux « médiés » (les deux comédiens) et un « médiateur »( le metteur en scène). Le rôle du médiateur est d’aider (de driver !) les deux personnes en conflit pour les sortir de l’enfermement dans leur problématique personnelle, leur permettre de prendre du recul sur leur conflit, leur permettre d’avoir une vision extérieure de leur situation, de devenir spectateur de leur divergence. En résumé de les aider à passer dans leur conflit du mode émotionnel, affectif, à un mode rationnel et réfléchi.

On a, là, un certaine analogie avec la médiation familiale dans laquelle un médiateur doit permettre à un couple en conflit ouvert de se parler pour trouver la meilleur solution à leur mésentente. Pour cela il doit sortir le conflit du mode émotionnel incontrôlable par les parties en présence pour l’amener sur un terrain plus rationnel mieux gérable. Les « médiés » doivent cesser de ne voir que l’autre et ses défauts pour enfin se voir eux même et prendre suffisamment de recul pour se juger objectivement. Ils doivent un instant cesser d’être un acteur engagé de la situation pour en devenir le spectateur. Ce n’est pas simple car il ne s’agit pas uniquement « d’intellectualiser » le débat, mais surtout de remettre, pour chacun, l’approche émotionnelle en phase, en accord,  avec sa formalisation cognitive, ce qui n’est pas possible quand le vécu de la situation est purement émotionnel.

Le passage du rôle d’acteur à celui de spectateur est la colonne vertébrale de toute médiation qu’elle soit conjoncturelle, familiale, voire thérapeutique.

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