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La peur de la mort et la vie éternelle

La mort est l’un des grands tabous de nos civilisations. Cette angoisse, d’un jour, ne plus exister à fait le lit de toutes les grandes religions depuis l’antiquité. Dans cet élan religieux, les hommes ont inventé, imaginé, toutes sortes de prolongements à la vie (l’empire des morts chez les égyptiens, le Styx et les champs élyséens chez les grecs, les divers paradis dans les religions judéo-islamo-chrétiennes, la réincarnation chez les bouddhistes et les indouistes). Ces visions devant atténuer la peur de la mort en proposant une vie post-mortem, une vie éternelle prolongement de la vie terrestre.

Vis à vis de cette vie éternelle on observe trois positions principales :

  • Ceux qui croient fermement à cette vie éternelle et qui seraient prêts à sacrifier leur vie terrestre pour accéder directement à l’éternité. Citons les martyrs, les kamikazes de Daech pour lesquels la mort n’est qu’un moyen d’accéder à une forme de félicité.
  • Ceux qui ne croient absolument pas à une vie éternelle et pour lesquels la mort est une simple fin et qui prônent que tant que l’on est vivant la mort n’est pas un problème et que quand on est mort la vie n’est plus un problème
  • Ces deux premières catégories sont tout à fait marginales dans nos sociétés ou la plus grande partie des êtres croient sans y croire à une vie éternelle.

Il y a ceux qui par conviction religieuse ou philosophique croient en une vie éternelle mais qui dans le même temps n’y croient pas trop. En effet ils ne sont pas prêts à renoncer à leur vie terrestre pour se plonger dans les délices de leur vie éternelle. Bien que croyant à une vie future, ils s’accrochent à leur vie présente

Il y a ceux qui ne croient pas à une vie éternelle, mais qui ne peuvent s’empêcher d’y croire à moitié. Cela se traduit notamment dans le respect des cultes des morts. On va les visiter au cimetière, on leur parle dans l’intimité, on respecte leurs dernières volontés, on vit encore en partie par eux et pour eux … on refuse de faire son deuil. Un exemple type est l’enterrement de Johnny Halliday ou l’on a vu es millions de personne voir passer sa dépouille en vivant l’événement comme si le chanteur passait, bien vivant, devant eux sur son Harley Davidson. Pourtant, objectivement, ils regardaient passer un cadavre en attente de décomposition dans une boite en sapin !   C’est bien un renoncement à faire son deuil et un appel à une vie post-mortem.

Si dans les deux premiers cas le positionnement par rapport à une vie éternelle est simple, il n’en est pas de même dans le troisième. En effet il est fort difficile de se situer, se positionner par rapport à une entité aussi peu définie, improbable, totalement floue, plus ou moins acceptée, plus ou moins refusée.

Les croyants connaissent bien cette situation dans le positionnement vis à vis de leurs dieux. Comment se positionner vis à vis d’un être transcendantal et que personne n’a réellement côtoyé. En fait nos croyants se positionnent non par rapport à leur dieu mais plutôt par rapport à sa parole. Tout dieu établit sa loi (toujours faite d’interdictions, d’autorisations et de recommandations) et c’est par rapport à elle que les fidèles se positionnent (d’ou l’importance des rites dans les religions). Signalons quand même (une petite pique antireligieuse !) que jamais un dieu ne s’est adressé directement aux hommes, il le fait toujours par l’intermédiaire d’un homme que certains appellent prophète et d’autre illuminé. Même dans le christianisme, quand dieu envoie son fils sur la terre, il ne manque pas de le faire « homme »). La parole de dieu est toujours la parole d’un homme (ou d’une femme …dieu est moins sexiste que ses représentants).

Cette incapacité à se situer par rapport à une situation, à un principe, cette incapacité de positionnement est exactement la genèse de l’angoisse. Vis à vis de la mort et de la vie éternelle les individus de notre troisième groupe ne savent pas où ils sont, ce qu’ils sont, comment se projeter dans cet avenir qu’ils n’appréhendent pas. On ne peut se positionner que par rapport à des repères stables, bien définis, identifiés. Pour ces individus la pensée de la mort angoisse !

La religion devrait délivrer de l’angoisse de la mort, on espère qu’il en soit ainsi, mais bien au contraire elle la provoque car elle n’amène jamais à la certitude attendue.

De nos trois catégories c’est plutôt la seconde qui retiens mon attention. La première me semble un peu radicale pour moi qui aime la vie et qui aime ma vie. La troisième génératrice d’angoisse est totalement à éviter.

Parlons donc de ceux qui aiment la vie mais ne redoutent pas de la perdre. Ils sont capables, plus que les autres de faire leur deuil lors du décès d’un proche, ils ne fréquentent pas les cimetières et les commémorations, ils assument la séparation d’avec les autres.

Mais dans le même temps n’ayant pas l’esprit obscurci par la perspective d’une vie future, ils sont capables de faire le deuil d’eux-mêmes.

Ne pas appréhender la mort c’est être prêt à faire le deuil de soi-même, comme on fait le deuil des autres. La mort reste alors une perspective certes désagréable, mais pas angoissante.

André Malraux disait que dans la mort ce qui est difficile c’est d’arrêter d’écrire sa biographie ! pourtant, toutes les histoires, toutes les biographies ont une fin.

N.B. Il est paradoxal que lorsque on lit un roman, quand on voit un film, on aime bien qu’il ait une fin qui termine, qui clôture l’histoire. Pour notre vie, c’est le contraire

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