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Sur le plan de la religiosité, le monde se divise en deux grandes catégories :

Ceux qui croient à une transcendance qui dépasse la condition humaine et qu’ils identifient à une ou des divinités et ceux qui refusent toute transcendance et résument leur vision à l’homme dans ses droits et ses devoirs.

De tout temps les hommes et les sociétés ont déifiés ce qu’ils ne peuvent comprendre, ne peuvent appréhender, qu’ils considèrent comme d’essence divine ou transcendantale. Le soleil, les orages, la foudre, la mer, les volcans ont étés déifié avant que des explications rationnelles ne leur retire leurs côtés magiques. Mais, de nos jours, bien d’inconnues subsistent qui justifie encore de les incarner dans une divinité.

La vision athéiste, matérialiste n’a jamais pu être vraiment une position forte et ce n’est qu’au XIXème siècle que le développement des théories scientifiques s’est opposé à la prédominance des positions religieuses. Ces mouvements ont pris naissance en réaction à la culture religieuse, dans la mesure ou les théories scientifiques nouvelles ne pouvaient prendre en compte les dogmes des grandes religions. Copernic, bien avant, puis Darwin et bien d’autres philosophes ont remis en cause les religions, plus pour contrer leur position dominante et sclérosante à leurs yeux, que pour proposer une véritable philosophie non transcendantale. Les idées positivistes de l’époque ont même prétendu comprendre le monde par les sciences, en occultant soigneusement tout ce qui pouvait dépasser leur entendement. Ils laissaient au futurs développement des sciences le soin d’expliquer l’inexplicable d’aujourd’hui.

L’idée est venue plus tardivement que si les sciences pouvaient donner une représentation de l’univers, elles ne pouvaient prétendre à le décrire dans sa réalité. Les théories scientifiques ne sont qu’une modélisation d’une réalité qui nous échappe, une représentation, certes pratique, pour le travail scientifique mais qui pouvait, et devait évoluer au fur et à mesure des nouvelles découvertes. La représentation de la matière, par exemple, est multiforme, depuis la théorie des crochets, l’atome de Bohr, celui de Sommerfeld, la relativité générale d’Einstein pour représenter l’infiniment grand mais pas l’infiniment petit, la mécanique quantique qui représente l’infiniment petit mais pas l’infiniment grand, la mécanique des fluides, la résistance des matériaux, … autant de théories très différentes pour représenter la même chose, la matière vue depuis des points de vue différents. Bien sûr il ne peut y avoir plusieurs réalités.

La grande différence entre la position des religieux et des athées est que les premiers donnent une représentation (Dieux) à la transcendance de l’homme et que les seconds la négligent, la laissent dans l’ombre, dans le genre : « On verra cela plus tard ».

Un certain nombre d’artifices sont utilisés par les scientifiques pour masquer leur besoin de transcendance, dont les deux principales sont l’infini et le zéro.

L’infini est bien une notion transcendantale car qui ira voir à l’infini si deux droites parallèles sont sécantes ? ou vérifier si une courbe asymptote à une droite est vraiment confondue avec elle à l’infini. Et même si on pouvait atteindre ce point pour faire la vérification, alors ce serait ce point ne serai pas à l’infini ! L’infini est bien une notion transcendantale pour l’homme.

Le zéro est une notion également étrange. Signalé par les Babyloniens, les Mayas, les Indiens, il fut introduit dans les système de numération par les savants Arabes.  C’est un chiffre magique en ce sens qu’il représente à la fois l’absence et l’infini !

Supposons que je dise : « Dans cette pièce il y a zéro chevaux ».  Remarquons tout d’abord qu’après le zéro on utilise toujours le pluriel, ce qui pourrait paraître un paradoxe. Mais dire qu’il y a zéro chevaux est une proposition tout à fait équivalente à dire qu’il n’y a zéro stylos, ou zéro carnets, ou zéro locomotives. Le zéro représente l’absence, mais l’absence d’une infinité de choses. Il a des propriétés bien particulières, multiplié par n’importe quel nombre il donne pour résultat lui-même. Alors que, comme le disaient nos profs de maths, on ne peut additionner des carottes avec des choux, le zéro permet cette opération, cinq carottes plus zéro choux est une opération tout à fait valide. Il s’agit bien d’un chiffre magique pour représenter une notion transcendantale.

Sans doutes, la pensée scientifique qui s’est développée par opposition à la pensée religieuse n’a pas voulu reconnaître le caractère magique de certaine de ses assertions : « Je suis scientifique donc je banni de ma pensée toute notion religieuse ».

On s’est souvent étonné de voir de grands scientifiques avoir de puissantes convictions religieuses. C’est une erreur, sciences et religions ne sont pas opposées elles reposent toutes deux sur la part de sentiment d’ignorance que tout homme, si savant soit-il, éprouve devant la vie. Bien sur les représentations de la divinité varient, du Dieu bon et généreux à la vision du Dieu vengeur, … jusqu’au zéro ou l’infini, mais toutes cristallisent notre ignorance devant la vie et nôtre incapacité à la comprendre.

Comme j’ai essayé de le montrer, un système ne se défini jamais de l’intérieur. Seule une référence externe permet le positionnement, qui est la définition même de l’identité. Un homme se défini par rapport à ses semblable, les hommes par rapport à leur environnement. La vie à besoin pour se définir d’un observateur extérieur, et nous avons besoin pour exister de nous confronter à cette référence. Alors nous créons les Dieux, la magie, le paranormal, l’infini et le zéro, qui vont nous permettre de nous identifier (par similitude ou différence). C’est bien sur un artifice, une supercherie, puisque notre référence externe est imaginée à l’intérieur de notre système. Les divinités, les Dieux, présentent toujours un niveau d’anthropomorphisme élevé, tant sur le plan morphologique que moral. Nous ne pouvons imaginer que ce que nous sommes et c’est pourquoi l’iconographie des religions ou de la science-fiction tourne en rond sans être capable d’un imaginaire fantastique qui sorte vraiment de nos concepts connus. Pour nous scientifiques, le zéro ou l’infini ne sont pas des notions extérieures à notre système, mais intimement incluses dans le modèle mathématique que nous utilisons. Elles veulent représenter l’au-delà du connu, mais ne sont en fait qu’une extrapolation, une conséquence de ce connu.

Ce système de référence, même s’il est factice, nous aide à vivre, nous est fondamentalement nécessaire, que nous soyons religieux ou athée, et il nous faut l’accepter comme faisant partie de nos limites. A chacun son sentiment religieux, sa religiosité. Mais gardons conscience de ce qu’il est et de ce qu’il n’est pas. Quelque soient les formes qu’on puisse leur donner toutes les religiosités sont construites sur le même principe : donner une représentation acceptable de notre ignorance. Alors, Allah, Dieu, Bouddha (le dieu des bouddhistes, pas le philosophe de génie) l’infini de l’espace ne sont qu’une seule et même chose. Ces représentations sont bonnes, nécessaires, c’est l’usage que l’on en fait qui pose problème. Il est très symptomatique que dans toutes les querelles religieuses entre intégristes, modérés, entre chrétiens, musulmans, juifs, ce sont les hommes qui se déchirent. Le grand absent, celui qui ne prend part à rien, qui semble se désintéresser de la situation, c’est curieusement le Dieu pour lequel on se bat qui n’a jamais l’air concerné !

 

Moi, scientifique, athée et matérialiste, je me sens aussi religieux que mes frères chrétiens, musulmans, juifs, je crois au même dieu, et ce dieu est l’image de notre ignorance collective.

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