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Mieux comprendre nos adolescents

Il y a deux virages importants dans notre vécu, la naissance et l’adolescence. Ce sont les deux périodes ou notre système de référence, celui qui nous définit, est totalement chamboulé.

Dans le ventre de sa mère, « in utéro », le bébé développe des relations sensorielles avec l’environnement maternel. Elles sont surtout basées sur nos sens les plus archaïques : Le toucher, l’ouïe, et sans doute les goûts et odeurs. Brutalement, à la naissance, ces repères sont perdus et le bébé doit reforger des nouveaux repères dans de nouvelles relations. La présence de la mère reste fondamentale à ce premier stade. Le père est encore, presque, un inconnu qui va devoir commencer à jouer pleinement son rôle. Le bébé tout en restant en relation fusionnelle (sur le mode de la sensation, de l’émotion) va commencer à initier son appréciation cognitive de l’univers

Le passage à l’adulte

A l’adolescence encore un virage fondateur ou l’ado va passer d’une relation de fusion au monde (émotionnel) à une relation empathique (cognitive). C’est une évolution difficile et anxiogène. L’enfant vivait dans son monde, englobé dans sa bulle de relations affectives à son environnement. Il était le centre de son univers dans un narcissisme infantile. Sa vision du monde ne tenait compte que de sa relation personnelle à son environnement. Il découvre, petit à petit, que ses parents, ses frères et sœurs, ses éducateurs … ont une vie et des relation en dehors de lui. Il n’est plus le centre du monde mais il n’en est qu’un point parmi d’autres, un élément d’un réseau. Toutes ses références constituées autour de sa relation aux autres ne sont plus suffisantes pour le situer dans l’univers qu’il découvre. Il doit maintenant tenir compte des autres et de leurs relations propres. Souvent ses amis relationnent au même objet que lui, mais avec des points de vue différents. Ceci complique la relation qu’il a avec eux. Il passe d’un univers mono centré autour de lui à un univers multi centré. Relationner avec un réseau d’amis et plus compliqué que relationner avec un cercle ! Cela demande infiniment plus de doigté, de souplesse, de tolérance, de largeur de vue donc un positionnement moins rigide mais donc moins stable.

Alors qu’à la naissance le changement est brutal, immédiat (mais sur une conscience peu riche et donc plus facilement adaptable) l’adolescence s’étend sur plusieurs années. C’est une évolution progressive mais que subit une conscience déjà riche et structurée. A la naissance le bébé a peu de choses à oublier et à reconstruire, à l’adolescence c’est tout un univers qui s’étiole et qu’il faut rebâtir.

Pour l’ado c’est un véritable deuil. Il doit abandonner toutes ses références infantiles pour se lancer dans un univers d’adulte dont il est loin d’avoir toutes les clés. Quitter le cocon sécurisant de la famille pour ouvrir la porte d’un nouveau monde sans références est anxiogène et loin d’être facile. Les adolescent sont forcément flottants, instables, influençables. Ils se cherchent désespérément, se raccrochent à des identités de substitution, vivent en plein paradoxe qui les rend difficile à comprendre.

Ils sentent le besoin impérieux de quitter l’univers de la cellule familiale et d’exister par eux même. Pour cela ils ont besoins d’utiliser la seule référence à leur disposition et notamment les parents. C’est un modèle qu’ils rejettent par nécessité de s’en libérer mais qui est en même temps le modèle d’adulte qu’ils connaissent le mieux et vers lequel ils tendent. Ils ont encore du mal à se sortir de leur vision fusionnelle et à distinguer la double vision de leurs « parents éducateurs » qui l’ont épaulé et dirigé durant l’enfance et celle de leurs « parents adultes » qui va leur servir de modèle pour l’avenir. Ils doivent passer doucement de la vision de ces parents comme l’éducateur qui les empêchent de grandir à celle de l’adulte qui va les aider dans le futur. C’est une période de « rébellion » inévitable mais nécessaire.

Quel devrait être le rôle des parents en la circonstance ?

A situation ambiguë, réponse ambiguë ! L’adolescent a besoin de ce conflit, de cette « rébellion » pour sortir de son enfance. Les parents sont, en la matière, un excellent « punchingball ». L’ado peut facilement s’opposer car il sait que ses parents l’aiment et ne lui veulent pas de mal, ils sont le sparring-partner idéal. Le rôle des parents est difficile car il faut recevoir les coups, les rendre mais sans faire mal, il faut perdre le combat (c’est la loi de la nature et la nécessité d’émancipation) mais quand même offrir une résistance acharnée pour que la victoire ne paraisse pas trop facile. L’ado ne doit pas gagner par K.O. au premier round, mais « aux points » après un beau combat sportif mais « fairplay » qui laisse les deux parties fières de leurs prestations.

Le point délicat et celui de la liberté que l’on accorde à l’adolescent. Elle doit être progressive et suivre les capacités d’autonomie de l’ado. Pour lui elle est toujours trop restreinte, pour les parents toujours trop large. De là le conflit pour acquérir l’indépendance. Voyons cela comme une « décolonisation » programmé qui va toujours trop lentement pour le « colonisé » et trop vite pour le « colonisateur »

La sexualité

Mais ce n’est pas le seul problème de l’adolescence car c’est également le temps de la découverte de la puberté, de la sexualité … et ce n’est pas rien. L’attraction entre filles et garçons et encore un terrain d’incertitudes et de sourde angoisse (nous l’avons tous vécu !). Voilà un domaine ou les ados n’ont de référence ni apprises par l’expérience ni enseignées par l’éducation, c’est difficile à gérer.

L’instinct sexuel est sans doute la pulsion la plus forte de notre espèce car c’est elle qui conduit à la reproduction et donc à la pérennité de « l’homo sapiens sapiens ». Pourtant rien ne prépare nos ados à l’aborder, et au lieu de l’aborder ils l’affrontent ce qui n’est pas la meilleur façon de la vivre et source de conflit. La faute en revient bien sûr à notre pudibonderie qui en fait un tabou. Les parents sont censés préparer les enfants à la vie et en la matière ils manquent totalement à leur devoir.

C’est difficile pour un ado de sentir en lui monter un instinct animal dont il n’a pas les clés pour le sociabiliser. On s’étonne qu’ils soient attirés par la pornographie, mais quoi de plus normal. Si on veut apprendre l’informatique, on prend des cours, on lit des livres, on pioche sur internet, si on veut apprendre la cuisine c’est idem. Si on veut apprendre la sexualité on n’a pas de mentors, pas de professeurs, pas de bibliothèque, alors on cherche là ou l’information est disponible : « la pornographie sur internet ». On pousse tout le temps nos ados à apprendre, à enrichir leurs connaissances pour devenir des citoyen cultivés et responsable de leur vie. C’est ce qu’ils font de façon anarchique avec la pornographie : « apprendre pour gérer ».

C’est une totale hypocrisie de s’affoler de cet attrait de nos enfants pour la pornographie alors que nous en sommes les premiers responsables pour avoir manqués à nos obligations de parents ou d’éducateurs

Le besoin d’absolu

Les adolescent sortent de la période de fusion dans laquelle tout est possible, puisque l’on est le centre du monde. Il découvrent l’univers cognitif, celui de la réflexion, de l’esprit critique, mais il est à peine ébauché, embryonnaire et simpliste. La combinaison de ces deux univers confère à l’adolescent un besoin d’absolu. Il s’agit d’un radicalisme conjoncturel qui doit se distinguer du radicalisme structurel qui ne disparaitra pas avec ma maturation. L’adolescent s’enflamme pour des causes, plus par romantisme, par vision simplificatrice que par rigidité de pensée. Plus sa conscience cognitive s’enrichira, plus l’adolescent prendra de l’esprit critique, le sens de la nuance, le doute. Il deviendra adulte. C’est une période que les parents doivent vivre avec attention pour éviter que ce qui est un penchant de jeunesse ne devienne un engagement à terme. Un adolescent en perte et en recherche de repères est facilement influençable (alors qu’il le nie et se croit tout à fait maitre de ses opinions) c’est une proie idéale pour le gourous de toutes sortes, les fournisseurs de références simplistes, et les idéologues radicaux. Charge aux parents de veiller au grain, discuter, argumenter sans contre dire, canaliser sans diriger. Discuter même si on n’a l’impression de « parler avec une brouette ». Pour parodier Talleyrand « discutez, discutez, il en restera toujours quelque chose ! ». La pire chose est de baisser les bras

La drogue

Cette période de flottement est une période de vulnérabilité à toutes les addictions : Drogue, Cigarette, Alcool. L’absence de repères solides amène à rechercher dans des « shoots » immédiats un point d’ancrage dans la réalité. Toute sensation forte donne, un instant, le sentiment d’exister qui manque aux individus en perte de repères. L’état flottant des adolescent les pousse inévitablement (mais plus ou moins) vers la recherche de ces moments forts. Les points de repère qu’on put fournir l’environnement familiale (même s’ils ont été mal vécus) seront le barrage aux tentations de l’addiction

Conclusion

On voit comme l’adolescence est une période difficile à vivre pour nos enfants. Rappelons que sur le plan social c’est aussi le passage de l’enseignement secondaire à l ‘enseignement supérieur ou au monde du travail, le Bac étant une forme de rite initiatique à cette transition. C’est pour beaucoup la première fois ou l’enfant est confronté à une épreuve pour laquelle il ne peut compter sur personne que sur lui-même. Parents, argents, protections sont inopérantes.

Mieux les comprendre ce sera mieux les aider.

Comme disais Hugues Auffray « Pour faire un homme, mon dieu que c’est long »

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