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Les grandes confusions intellectuelles

J’ai déjà eu l’occasion de parler de l’imprécision de notre communication verbale et comment celle-ci peut être corrigée par la communication implicite du non-dit. On sait combien la définition de mots que nous utilisons est imprécise (quelques lignes dans un dictionnaire), variable selon les individus, et surtout plutôt très mal connue de chacun de nous. C’est grâce à des mimiques, des gestes des intonations de voix, que nous transmettons à l’autre la teneur exacte de nos propos. Un même texte lu par divers comédien peut prendre des significations très diverses selon la façon dont il est dit.

Un autre piège classique qui nous guette dans nos comportements est celui de l’habitude. Elle peut finir par transformer des concepts, sans que nous en ayons conscience, et modifier en profondeur nos comportements. En voici quelques exemples :

Confusion entre l’objet et son image

Chaque objet que nous observons détermine une image mentale dans notre conscience. Quand l’objet est lointain (pour des raisons historiques, géographiques, parce que c’est un objet abstrait) nous utilisons pour le faire vivre une représentation symbolique, iconique, qui lui tient lieu de réalité. Avec l’usage, l’habitude, cette représentation finit par se substituer à l’objet lui-même dans notre esprit et à devenir une forme de réalité.

Dans les religions, surtout les plus anciennes, les représentations symboliques des dieux (statues, totems, tikis, talismans) finissent par être adorées comme si elles étaient le dieu lui-même et non sa simple représentation. Les grandes processions chrétiennes dans lesquelles on promène des statues d’un saint, de la vierge Marie dans la plus grande ferveur des croyants sont l’exemple de l’adoration d’un symbole.

Le drapeau est le symbole, l’incarnation d’une nation. Bien qu’il ne soit, en fait qu’un chiffon de tissus, toute profanation, tout irrespect devant le drapeau est considéré par les citoyens (surtout les plus « patriotes ») comme une grave offense à toute une nation.

On observe le même dilemme en science ou la théorie, modèle ou image d’un phénomène naturel, s’impose finalement comme  si elle était une réalité. En ce qui concerne la théorie atomique, en 400 AVJC le grec Démocrite avait imaginé la matière faites de micros éléments flottant dans le vide qu’il avait appelé atomes. Aristote était d’un avis différent et éclipsa complétement la théorie de Démocrite pour la remplacer par celle de la matière infiniment divisible. Des millénaires plus tard Rutherford développa une vision moderne de l’atome fait d’électrons circulant autour d’un noyau sur une orbite circulaire. Bohr modifia cette vision en imaginant que les électrons tournaient sur des orbites elliptiques. Évidemment tout ceci  ne sont que des représentations, des modèles, imaginés par les scientifiques pour expliquer les propriétés de la matière. Ce modèle s’est avéré si performant qu’il a été universellement adopté et que de modèle décrivant une réalité il est passé à véritable réalité. L’objet s’est confondus avec son image.

Dans le « star système » le public adore, non pas l’homme ou la femme qu’ils ne connaissent pas, mais l’image du personnage dans son œuvre, la presse, les médias. La disparition de Johnny Halliday ou de Charles Aznavour nous en donne une bonne représentation. Une foule anonyme qui ne connaissait pas les hommes vient rendre hommage, voire pleurer sur l’icône qu’ils ont le sentiment d’avoir perdu. C’est l’image qui est regrettée et non l’homme (sauf bien entendu pour les proches et la famille).

Confusion entre le but et les moyens

Une des bonnes illustration de cette dialectique est la pièce de Musset :Lorenzaccio. Lorenzo rêve d’abattre le tyran de Venise Alexandre de Médicis. Pour  parvenir à ses fins il  doit pouvoir approcher le tyran. Pour cela il devient l’organisateur des débauches d’Alexandre. Donc son but est de tuer le tyran et le moyen mis en œuvre l’organisation des fêtes. Au bout d’un moment, Lorenzo s’aperçois qu’il est devenu lui-même un débauché et que son but est devenu l’organisation de fêtes, alors que l’assassinat du tyran m’est plus que le prétexte, un moyen pour excuser sa débauche.

A la naissance d’un parti politique il y a généralement une idéologie qui vise à l’amélioration de la vie des concitoyens. Pour mettre en jeu cette politique on doit accéder au pouvoir.  Cette prise de pouvoir est un exercice difficile qui implique une énergie folle et un engagement total. Le but est ici de mettre en jeu sa politique et le moyen la prise du pouvoir. A force d’effort pour accéder à la première place, cette accession au pouvoir devient le but suprême du parti, et la politique à mettre en œuvre n’est plus que le prétexte, le moyen qui justifie la prise du pouvoir. Le moyen est devenu le but, alors que l’ancien but est devenu moyen.

Dans toutes religions, le but et la communion avec Dieu, l’accomplissement de ses volontés et de ses desseins. Le moyen est constitué d’un certain nombre de rites, de pratiques destinés à favoriser cette communion. Pour être devenir un bon chrétien, il faut aller à la messes, donner à la quête, pour être un bon musulman il faut prier, je crois, cinq fois par jour, faire ses ablutions avant la prière, faire ramadan, pour être un bon juif il faut faire shabbat, respecter des rites alimentaires, …etc. … etc. Petit à petit l’intérêt s’est déplacé de la communion avec Dieu vers la pratique des rituels. Être un bon chrétien, c’est aller à la messe et donner à la quête, Être un bon musulman c’est prier cinq fois par jour et faire ramadan, Être un bon juif, c’est faire shabbat !

Ce qui était le moyen et devenu le but ( principalement chez les religieux intégristes ). Il faut et il suffit de respecter les rites pour être dans le droit chemin. La communion avec Dieu est devenu le prétexte, le moyen, pour accomplir les pratiques rituelles. C’est bien sur le faiblesse de tous les mouvements intégristes religieux d’avoir confondus les buts et les moyens … l’être avec le paraître !

Cette confusion est un grand classique des projets à long terme.

Confusion entre les devoirs et les droits

Ce qui va suivre s’inscrit dans une logique parfaitement athée dans laquelle, contrairement aux visions religieuses, la morale n’est pas un « apriori » décrété par la puissance divine.

L’homme isolé a du mal à survivre face à la nature et à ses congénères. Il se regroupe alors en clan, troupe, société, état,  afin de mutualiser les forces dans un système de solidarité réciproque. Il s’agit d’un contrat entre participants au groupe transcrit dans des lois qui définissent les modalités de ce contrat.

La morale, règles du vivre ensemble dans les groupes humains est un consensus accepté (librement ou  non) par les participants au groupe. Elle est le fruit des consciences émotionnelles de chacun relayées par leur consciences cognitives. Cette dernière finalise la morale dans des règles de vie et fixe notamment les devoirs et les droits de chacun. Hors conscience cognitive, pas de morale, donc ni devoir ni droits. C’est ce que l’on peut observer dans le règne animal.

On pense généralement que les droits des uns génèrent des devoirs pour les autres. Ceci signifierai que certain non seulement s’octroieraient  des droits, mais en plus imposeraient des devoirs aux autres. Je ne crois pas qu’une société puisse raisonnablement fonctionner sur ce modèle. Au contraire la vie en société impose aux membres des devoirs et en contrepartie leur accorde les droits qui vont leur permettre de remplir leurs devoirs.

Par exemple : Les parents ont le devoir de protéger, de nourrir, et d’éduquer leurs enfants (devoirs légitimes puisque ce sont les parents qui ont souhaités avoir un enfant et que ceci leur crée des responsabilités). Pour accomplir ces devoirs on accorde aux parents des droits sur les enfants : Droit de choisir leur éducation, leur religion, leur morale. Ce sont bien les devoirs qui engendrent les droits et non le contraire.

Dans cette vision, à la naissance, un nourrisson n’a aucun droits, car n’ayant aucune responsabilités il n’a aucun devoirs. Généralement on confond le droit des enfants (inexistant) avec les devoirs des parents.

Au fur et à mesure que l’enfant grandi et développe sa conscience cognitive il acquière certaines responsabilités (apprendre à marcher, parler, être propre, manger seul) et cela lui octroie certains droits. Plus il va grandir, plus sa conscience cognitive va se peupler, et plus il va se créer des responsabilités (travailler à l’école, obéir à ses parents, choisir ses copains avec discernement, aider à la maison). En contrepartie ses droits vont s’accroitre (argent de poche, sortir seul, choisir son look). Au fur et à mesure que les responsabilités de l’enfant s’accroissent, son droit à l’autonomie grandi, et au contraire les responsabilité et les droits de ses parents diminuent. C’est le phénomène d’autonomisation.

On parle souvent, à tort,  de “droit au chômage” comme si le fait pour un individu de se trouver en position délicate induisait automatiquement l’obligation pour les autres de lui venir en aide. Le chômage est un devoir de solidarité que les participants au groupe on acceptés dans le contrat social (en attente, évidement, de réciprocité)

En ce qui concerne les animaux, la question des droits et des devoirs ne se pose pas. La faiblesse de leur conscience cognitive ne leur permet pas d’élaborer une morale collective. Dans la nature la notion de droits et devoirs est totalement inexistante, seule les nécessités de survie de l’espèce guide les comportement. On protège les petits, les nourri, et leur enseigne l’art de la vie. Passé cet apprentissage, nécessité de l’espèce, les petits sont abandonnés à leur sort. Pour les animaux domestiques leurs “propriétaires” acceptent un certain nombre d’obligation, de devoirs, définis par consensus, partie de notre contrat social. On ne peut donc parler de droit des animaux, mais de devoir des humains.

Conclusion

Ces confusions intellectuelles se produisent avec le temps, l’habitude, la pratique. Elles s’installent insidieusement sans que les individus en aient conscience. Elles entrainent bien évidemment des comportement incohérents, en  désaccord avec les visions proposées et perturbent fortement la vie sociale.

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