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L’égoïsme de l’enfant à l’adulte

Quelques remarques préliminaire :

  1. Le terme égoïsme est assez mal choisi car il ne définit pas le fait un individu mais plutôt une relation entre deux individus : l’un trouvant l’autre égoïste et l’autre s’estimant parfaitement « dans les clous ». J’avais pensé utiliser le terme narcissisme, mais je lui ai trouvé une consonance un peu trop psychopathologique. Peut-être le mot égocentrisme serait-il un moyen terme acceptable. Il est toujours difficile de trouver le juste mot adapté pour une situation abordant un concept nouveau pour lequel le mot n’existe pas encore.
  2. Il apparaît généralement que l’adolescence est l’âge de « l’égoïsme paroxysmique ». Je vais essayer de démontrer le contraire de cette idée reçue

A sa naissance le nourrisson est dans un état de totale fusion avec son environnement. Il n’a ni conscience de son existence, ni conscience de l’existence d’un autre que lui (absence d’identité en termes de psychologie relativiste). Il vit dans un univers totalement fusionnel dans lequel lui et son environnement ne font qu’un. Est-ce un état de total narcissisme (tout le monde est en lui) ou au contraire de totale empathie (Il est fondu dans tout le monde) ? la question n’a pas de sens dans la mesure ou le concept même d’égocentrisme présuppose la notion de l’autre comme entité différenciée.

Au début de son développement la fusion du bébé à son environnement (parents, fratrie, berceau), reste fondamentale, mais petit à petit, le bébé commence à percevoir une légère réalité extérieure. Il apprend que ses parents peuvent apparaître ou disparaître, que s’il lâche un jouet il n’en a plus la jouissance. Ce qui était un état de fusion universelle se fissure et s’installe chez lui un véritable narcissisme total. Seul lui existe par rapport à quelques rares éléments extérieurs qui peuvent lui échapper. Il ne s’agit pas de narcissisme pathologique (qui signifierai que l’image du moi, de son ego est sur évalué par rapport à une norme admise ) mais d’un état naturel à ce stade de développement.

Progressivement l’enfant prend en partie conscience de l’existence d’un monde qui lui est extérieur et avec lequel il faut négocier. La vision du monde reste encore très fusionnelle et l’autre n’existe que dans la mesure où il est en relation, en interférence avec l’enfant. Les parents, par exemple, n’existent pour l’enfant que par la relation qu’ils ont avec lui (ils protègent, dirigent, punissent, récompensent, …) mais il n’ont pas pour lui d’existence propre en dehors de lui (problèmes de santé, professionnels, affectifs, …). Ils n’existent que par leur présence dans l’univers de l’enfant, hors de cet univers ils n’ont pas de réalité. C’est encore une vision très égocentrique que l’on ne peut qualifier d’égoïste, dans la mesure ou l’enfant n’a pas encore les moyens d’affirmer ou de revendiquer sa différence .

Le problème de l’enfant capricieux, qui lui revendique, est une légère entorse à cette règle.  Il apparaît lorsque l’enfant prend conscience que certains de ses comportements lui permettent d’obtenir ce qu’il désire. C’est, bien sûr, très pénible pour les parents et très mauvais pour l’enfant car l’impression de toute puissance qu’il en retire est basée non pas sur sa force mais sur la faiblesse de ses parents. Cette fausse certitude lui sera néfaste, plus tard, quand il aura affaire à plus fort que lui !

A l’adolescence l’enfant affirme une identité naissante. Plus il se voit autonome et plus il découvre pour les autres un certain degré d’autonomie. La vision fusionnelle du monde fait place à une vision plus empathique. Les autres prennent une existence propre et l’ado comprend qu’il doit négocier avec eux. Bien que moins « égocentré » que l’enfant, l’ado apparaît plus « égoïste » car il à plus de moyens pour revendiquer son autonomie. Moins dépendant de son environnement familial, il voit le monde extérieur comme un rival vis à vis duquel il doit s’affirmer. Il va apparaitre « égoïste », non pas que sa vision soit plus narcissique ou égocentrée que celle de l’enfant qu’il a été, mais simplement parce qu’il a les moyens de la faire valoir. De la soumission narcissique il passe à l’empathie revendicatrice. C’est encore une phase pénible pour les parents et difficile pour l’ado. Être en réaction vis à vis de ce que l’on a accepté , devoir renier son « maitre » est une forme de deuil que doivent vivre nos ados et que les parents doivent l’aider à vivre. C’est, pour eux, une tâche ingrate, mais plus facile à assumer quand on comprend ce qui se passe dans la conscience de l’enfant et les enjeux de la situation.

Progressivement l’ado va devenir adulte, affirmer son identité, exister par lui-même. Il devient conscient de son vécu et en même temps du vécu des autres. Le narcissisme originel fait place à l’empathie. A partir du moment ou l’autre à pris une existence propre on commence à pouvoir réellement parler d’égoïsme dans certains comportements.

Ceux-ci, quand ils sont très affirmes, résultent d’attitudes égocentrées non résolues dans la maturation de l’individu. Il s’agit donc d’attitudes « régressives » liées à des comportements déviants acquis durant l’enfance, par défauts éducatifs, et qui se perpétuent à l’âge adulte.

Le vieillard, un peu figé dans sa conscience cognitive rigidifiée a perdu ses capacités d’adaptation. Il ne peut, ni ne souhaite évoluer. Son intérêt pour le monde devient très faible. Plutôt que d’acquérir de nouvelles connaissances ou nouvelles expériences, il préfère gérer son capital acquis. Pourquoi se projeter dans le futur quand on n’a plus d’avenir ? Il préfère adapter son vécu à sa situation plutôt que de refaire le monde. On ne peut dire qu’en vieillissant on devient plus égoïste, mais plutôt que l’on devient plus indifférent au monde et aux autres, et ce n’est pas la même chose ! La vie est bien faites qu’au moment de quitter ce monde, on s’en détache.

En conclusion, contrairement à la croyance générale, dans l’évolution de l’être humain on ne passe pas au cours de sa vie d’une vision altruiste du monde à une vision égoïste, mais bien au contraire d’une attitude totalement narcissique et de soumission à une attitude espérée empathique et autonome. C’est plutôt encourageant pour la vie sociale.

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