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C’est un vieux serpent de mer qui a suscité bien des débats et c’est finalement cristallisé autour de mots qui peuvent satisfaire tout le monde en ce sens qu’ils ne veulent rien dire ou tout dire comme : « Neutralité bienveillante ». Le thérapeute reste ainsi neutre, mais bienveillant, donc pas neutre ! … tout le monde et content et chacun y trouve son bonheur. J’ai connu quelques patients qui me disaient au sortir de leur séance : « Ce mec ne me dit rien, je parle tout seul, et ça, je peux aussi bien le faire dans ma cuisine sans payer un rond » ou encore : « Au bout de trois séances je lui ai tout raconté, je ne sais plus quoi lui dire, et me forcer à inventer des histoire pour meubler la conversation cela fini par me gonfler ». Ce sont bien sur des réactions de défense qu’il ne faut surtout pas prendre au pied de la lettre … mais qui doivent cependant faire réfléchir sur le rôle du thérapeute.

Ne nous concentrons pas sur le thérapeute, à priori il va bien, mais concentrons nous sur le patient qui lui va mal ! (que je préfère appeler « Client », pour « appeler un chat un chat ». Etre thérapeute, c’est un métier, avec un client qui paye, une activité de service comme bien d’autres, ce qui n’empêche pas de la faire avec passion et sérieux … comme la profession de pompier ! )

Donc recherchons ce qui est positif pour le client. Celui ci est en souffrance, victime des incohérences dans la construction de son vécu.

Peut-il s’en sortir seul ? Réellement non, même s’il peut construire des mécanismes compensatoires qui l’aiderons à se stabiliser et s’accepter.

Pourquoi n’y arrive t-il pas ? Simplement parce qu’il essaye de comprendre ce qu’il est à travers le filtre de ce qu’il est … c’est ce que l’on appelle de la rumination, cousine de la masturbation mentale.

Pour donner un exemple (mais attention, comparaison n’est pas raison !) prenons un jeune waffen SS dans les années 42. Il a été formé aux jeunesses Hitlériennes, il vit dans un univers « nazifié à fond », ses parents, ses amis, ses relations sont nazis et tout son univers lui paraît parfaitement cohérent et justifié. Il a intégré dans son éducation, sa culture, que les juifs étaient une sous race nuisible, et les exterminer lui semble la moindre des évidences. Il participera aux tâches les plus ignobles (pour nous) avec enthousiasme et le sentiment de servir son pays et l’humanité. Pour se remettre en cause ( ce qui sera de toute façon douleur et difficile ) il aura besoin d’un regard extérieur, d’un jugement hors son milieu, pour lui permettre non plus d’être acteur impliqué dans les événements, mais d’en devenir spectateur. On ne peut pas juger ou définir son univers depuis l’intérieur de cet univers. On ne peut pas se positionner par rapport à soi … cela n’a aucun sens. On ne peut se positionner que par rapport à une référence extérieure. La prise de conscience de soi ne peut se faire qu’un relation à un repère externe. C’est la notion même de positionnement qui est en cause. C’est le positionnement qui, à l’aide de la référence externe, permet de prendre conscience de sa vie, d’en devenir un spectateur actif.

Pour en revenir à notre client, il est comme ce jeune SS (pour la mécanique, pas pour les actes! ). Pour se comprendre, pour se voir, pour être spectateur de sa vie, il à besoin de points de repères externes. C’est la qu’intervient le thérapeute. Il doit servir de point fixe.

Prenons encore un exemple. Il s’agit avec une raquette de taper dans une balle. Si la balle est statique, accrochée au bout d’une ficelle, c’est relativement facile. Il suffit d’évaluer les distances, le mouvement de son bras, la position de la raquette par rapport à sa main, … et pan ! Dans le mille.

Si la balle est en mouvement, c’est plus difficile car ce qui a été évalué précédemment en statique doit être redéfini par rapport au mouvement de la balle.

Si maintenant on est soi même en mouvement, c’est encore plus difficile car il faut alors intégrer sa propre trajectoire aux critères préalablement établis. D’ou le principe fondamental du tennis, s’immobiliser avant de frapper la balle !

Tout ceci pour montrer comment se situer est un casse tête et comment se positionner par rapport à une référence stable est une nécessité. Le thérapeute doit être cette référence, ou du moins la fournir, par rapport à laquelle le « client » pourra se repositionner, se redéfinir. La thérapie ne devra pas être une deconstruction/reconstruction, mais un re positionnement du vécu, une redéfinition de son existence, un nouvel angle de vue sur soi même. Le thérapie n’efface pas les erreurs passée, elle les re contextualise dans un nouvel environnement, leur donne un nouveau sens. Ce n’est pas le vécu du « client » qu’il faut changer (c’est impossible, on ne remonte pas le temps, mais l’environnement dans lequel ce vécu se projette qu’il faut remettre en cause, le regard que le « client » porte sur lui même qu’il faut modifier (on retrouve là, la notion de mise en confiance, reprise de la confiance en soi!)

Ceci re situe le rôle du thérapeute. Il ne peut être neutre puisqu’il va fournir le point de référence qui va aider le « client » à se redéfinir, se re positionner, se réorganiser. Cela ne signifie pas que le thérapeute doit prendre partie, juger, critiquer ou imposer. Il est impliqué dans la relation que va établir le « client » à lui même. Il ne doit pas imposer une position à son « client » mais être le point fixe par rapport auquel celui ci va se situer et se redéfinir.

Après tout, quand les enfants se construisent (en bien ou en moins bien) il le font par rapport à la référence que leur propose l’environnement parental. Personne ne songe à dire que les parents doivent être neutres, non engagés, pour réussir une bonne éducation pour leurs enfants !

Les « gourous » arrivent bien à stabiliser leurs « clients/victime » par l’enseignement de règles, de principes, par un nouveau référencement, une nouvelle redéfinition de leur vécu ! Personne ne peut nier que les sectes, à côté de leurs cotés malveillants et prédateurs, apportent un certain équilibre à leurs membres.

Pour réussir redéfinir ce qui a été raté dans l’évolution du « client » le thérapeute devra proposer une ou des références adapté à la pathologie de celui ci. Bien sur il s’agit, en général, d’une relation entre adultes et le coté fusionnel doit être proscrit, ou du moins utilisé avec réserve si nécessaire. S’il s’agit d’une relation avec un ado ou un enfant une part de relation fusionnelle ne pourra jamais être évitée … le thérapeute doit se situer en mode communication avec son « client »

Oublions la neutralité du thérapeute qui n’existe jamais. Quand celui ci prétend prendre sa neutralité en tournant le dos à son « client » … cela c’est vu, il envoie au contraire un message très fort à celui qui devrait être son partenaire. C’est bien loin de la neutralité.

Le thérapeute est un prestataire, un praticien. Il doit prendre sa tâche à coeur, assumer ses responsabilités, faire de son mieux dans sa pratique. Pour guérir un « client », tous les coups sont permis, pas de limitation à priori, de chapelle, de théorie, d’école. Bien sur, comme dans toutes les professions une déontologie s’impose et le thérapeute ne doit pas faire passer ses intérets avant ceux de son « client ».

L’échec d’une thérapie, pour le « client » ce n’est pas un échec c’est un malheur, pour le thérapeute c’est un échec.

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