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L’art existe t-il ? peut-on le définir ?

Il est souvent très difficile de différencier entre œuvre d’art, design ou décoration, élucubrations fumeuses. Comment entre, la Vénus de Botticelli,  la leçon d’anatomie de Rembrandt, un pot de fleurs de Raynaud, les nymphéas de Monet, une toile de Basquiat,  définir ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas. Le consensus est rarement atteint.

Cherchons donc une définition universelle qui regrouperai toutes les formes d’art, les diverses écoles de peinture, sculpture, musique, littérature … ou toute autre moyen de communication, si possible durable et transmissible (happening !) .

L’art serai la création d’un objet inutile dont la seule fonction serai de créer une émotion (positive ou négative) sans aucune finalité économique, pédagogique. L’émotion créée pourrait être de nature religieuse, sensuelle, érotique, guerrière, ou autre.

L’art deviendrai un processus de communication des émotions, qui échapperai à l’univers cognitif. L’émotion ressentie par l’artiste serai codifiée (formalisée) dans un média support présenté au public. Le spectateur (ou l’auditeur, lecteur, …) devrai dé-codifier le média qui lui est présenté pour en ressentir sa propre émotion.  Ce processus typique de communication suppose de la part de l’artiste et de son interlocuteur un langage commun, une connaissance, au moins empirique des codes qui construisent le message. Apprécier une œuvre d’art s’apprend, s’enseigne, et se cultive. Le gros écueil de cette approche est que cet apprentissage n’entraine une « intellectualisation » de la vision de l’art qui introduirai un élément cognitif qui pourrait nuire, ou même faire oublier le message émotionnel qui devrait être transmis. A mon sens, une œuvre d’art ne doit pas se comprendre, mais se ressentir. A partir du moment où l’on commence à expliquer on sort du domaine pur de l’art pour entrer dans celui de la culture. Ce domaine est loin d’être inintéressant, mais pour moi, c’est « autre chose ». Visiter un musée, une exposition, devrait être une agréable flânerie et non pas la préparation d’un examen. Gouter un bon vin, un plat délicat, ne nécessite pas d’en connaître la recette !

La définition donnée plus haut de l’art n’est, bien sûr, jamais atteinte. Un créateur n’est jamais exempt d’arrières pensées économiques (il faut bien manger !) , de vision politique (l’artiste engagé), de vision moraliste (dénonciation des travers de la société), de vision religieuse (prosélytisme), de vision naturaliste (natures mortes).

Ainsi présenté, on pourrait dire que « l’art n’existe pas » mais qu’il serait plutôt un objectif, un but à atteindre, un Graal, plus un cheminement, une démarche qu’une réalité.

On pourrait rapprocher cette approche de l’art de la doctrine Bouddhiste de la recherche du « Nirvana ». Celui-ci n’est pas un état final, mais un but, un « cheminement vers soi-même», ce que les bouddhistes appellent « la voie ». Cette recherche se fait également en faisant abstraction de tout éléments cognitifs, toujours en relation avec « les autres », qui pourraient perturber la connaissance de soi.

On considère souvent que, le design, l’esthétique industrielle, l’architecture, l’illustration, la musique de variété … sont des formes dérivées de l’art, des sortes « d’ersatz », des « sous-arts ». Je penses, au contraire qu’elles constituent des approches de l’art, le début d’un cheminement vers l’ultime, le parfait. Elles ne sont pas des dérivés, mais des précurseurs ! Toutes ces manifestations à forte composante artistiques sont la concrétisation du besoin de l’art, de la nécessité de faire plus, de faire mieux, de communiquer aux autres, sur un mode négligé de nos jours, dans le registre des émotions.

La littérature occupe une place particulière dans ce panthéon artistique. D’abord parce que son mode de codification dans la communication est extrêmement élaboré et fait même l’objet de « dictionnaires » dans chaque langue utilisée et même inter-langages. Ensuite parce que l’échange littéraire fait largement appel au cognitif et que le contenu échangé peut être dépourvu de toute composante émotionnelle  (dans les documentations techniques, les contrats en droit, les publications scientifiques, …). Le roman, et surtout la poésie seraient les formes de littérature les plus proches de la notion d’art.

La création artistique est favorisée par un comportement régressif, un refus du rationnel, du réalisme. Elle veut privilégier la relation fusionnelle aux autres, l’échange intime des émotions. Nombreux grands artistes ont fait preuve d’une totale immaturité dans leurs comportements sociaux. En ce sens la création artistique est à différentier de la création dans les domaines de la technologie, voire des sciences humaines qui explorent de nouvelles voies dans un domaine connu alors que la création artistique explore de nouveaux domaines, de nouvelles visions du monde. En ce sens elle peut paraître irréaliste, extravagante, choquante

Alors que la création technologique conserve les codes de communication existant, la création artistique présente de nouveaux codes qui doivent être assimilés avant de pourvoir s’inscrire dans le phénomène de communication. Quand les impressionnistes ont présentés leurs travaux, les conservateurs n’y ont vu qu’un travail réaliste mal peint, techniquement puéril. Si l’on regarde une toile de Basquiat comme une représentation purement picturale, c’est bien mauvais. Si on la regarde comme l’expression d’une personnalité bouillonnante, l’expression d’une certaine rage de vivre, d’un mal-être social, elle prend une dimension nouvelle et une nouvelle raison d’être. De nos jours certains travaux d’artistes nous paraissent dénués de toute raison, de tout « sens commun ». Il est possible que certains d’entre eux deviennent dans un demi -siècle des références artistique quand le regard sur eux aura évolué.

Cette représentation de l’art comme un absolu, une finalité à atteindre lui donne une composante un peu transcendantale et donc quasi religieuse. Elle correspond bien à l’exigence régressive, du besoin de fusion, d’absolu  due au caractère  immature, voire psycho-pathologique, des grands créateurs artistiques.

Musset disait « Frappe toi le cœur, c’est là qu’est le génie ». Sans doute préconisait-il de privilégier le cœur sur l’esprit, l’émotion sur la raison.

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