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En philosophie la notion de temps et d’espace sont deux concepts fondamentaux. Les positions relatives de l’animal et de l’homme sont également de première importance. En ce qui concerne temps et espace nous vivons au quotidien selon la vision Newtonienne, datant du XVII ème siècle. Le temps et l’espace sont des contenants dans lesquels se placent la matière et l’énergie. En l’absence de matière l’espace continue d’exister et le temps de s’écouler. C’est une vision essentiellement religieuse puisque temps et espace sont des transcendances à l’homme et existeraient même en son absence. C’est encore cette vision que nous apprenons, pratiquons et transmettons à nos enfants, en dépit des théories scientifiques modernes qui ont bousculées ce concept.

L’animal ne développe pas de conscience cognitive (ou si peu) et sa représentation du temps et de l’espace est purement liée à sa conscience émotionnelle. Il a une perception très fine de l’espace qui l’entoure, mais elle se limite au périmètre dans lequel il évolue (son territoire). Un chat n’a pas conscience qu’a un ou mille kilomètres de lui vivent d’autres chats qui lui sont analogues. Son univers se limite à sa perception immédiate de l’espace environnant. En ce qui concerne le temps, privé de conscience cognitive, il ne développe pas de relations causales entre les événements. La dépendance, donc la chronologie lui échappe. Il ne fait donc pas de sa vie un récit organisé mais vit les événements dans le présent, comme ils viennent. Il connaît la peur si un prédateur survient, s’il détecte un danger, mais n’envisage pas un danger potentiel. La prévision suppose le sens de l’histoire.

L’homme doté de conscience cognitive peut développer des modèles abstraits du temps et de l’espace et la vision Newtonienne, par exemple, en est un. Il organise ses émotions et les événements vécus dans un récit qui tient compte des notions d’avant/après, cause/effet, près/loin, devant/derrière. Il construit le récit de sa vie en tenant compte du passé, du présent, du futur, du local et de l’éloigné, donc dans le temps et dans l’espace. Cette capacité confère à l’homme sa puissance créatrice (qui en fait le prédateur ultime) mais en même temps sa faiblesse. Quand on raisonne en termes de avant/après ou de cause/effet , il se trouve toujours un « avant » originel  (le début) et un « après » final (la fin). Or, ce premier début, dans la mesure où il est l’origine, n’a pas de cause créatrice dont il serait l’effet. De même le dernier « après » est une cause qui ne produit aucun effet. L’homme se trouve alors confronté au problème de son origine et de sa fin qui n’existent pas. C’est un problème métaphysique pour lequel il ne trouve aucune solution. Sans explications, sans ses repères l’homme vit son angoisse existentielle.(cette angoisse est le fondement même de la condition humaine, tout homme y est soumis dès qu’il forge sa conscience cognitive). C’est pour résoudre cette angoisse fondamentale que l’homme a inventé les religions. Elles permettent de représenter le non représentable dans un modèle cohérent et qui présente l’avantage d’être invérifiable, donc non contestable. C’est ce qu’on appelle la croyance. Les scientifiques se passent de religions car ils ont inventés le zéro et l’infini, notions hautement métaphysiques, qui leur permettent, également, de donner une forme logique et formalisée à l’inconnu non représentable.

Une approche moins anxiogène de temps et de l’espace peut être envisagée. On en décèle les prémices dans la théorie de la relativité restreinte de Albert Einstein. Son idée est de remplacer le temps et l’espace par une nouvelle grandeur appelée espace-temps qui remplace les contenants de Newton par une représentation de l’interaction  entre les corps célestes. Un corps n’est plus une particule isolée dotée de propriétés et placée dans le temps et l’espace, mais une partie d’un couple définissant une relation réciproque à travers la grandeur espace-temps. C’est la position l’observateur, lui-même situé dans l’espace-temps qui  va définir cette relation. Le temps et l’espace ne sont plus des grandeurs universelles, transcendantales à l’observateur, mais au contraire intimement liées à lui et à sa position. Adieu donc à la vision quasi religieuse de Newton pour la vision scientifique d’Einstein.

Mais le problème n’est pas résolu pour autant. Même si Einstein se disait athée, pensait à dieu et aux  textes sacré en termes de fables non crédible, sa vision reste empreinte de religiosité. Se pose encore le problème de la finitude ou de l’infinitude de l’univers, de l’avant bigbang, du devenir de cet univers en expansion, du devenir des trous noirs qui après absorption de tous les corps célestes, y compris les trous noirs plus petits, pourraient nous ramener à la période du bigbang (toute la matière réunie en un seul point infiniment petit) et pour, pourquoi pas, recommencer un nouveau bigbang dans un cycle éternel ?

On peut envisager une piste, à explorer, pour définir espace et temps en évitant l’écueil de la notion de début et de fin. C’est l’un des objets de la psychologie relativiste.

Actuellement, notre vision de l’espace implique la position des corps par rapport à une origine, un système de référence. Dans l’espace les corps célestes sont positionnée par leur distance à la terre en années lumières. L’axe de référence des distances étant infini (comme tout système de coordonnées), l’univers se trouve infini. Si maintenant on définit la position de ces corps non plus en valeur absolue dans un système de coordonnées mais par leur position relative aux corps qui les entourent on définit un univers fini, borné aux objets connus de l’univers. La notion de la finitude de l’univers ne se pose plus. Par contre l’univers s’agrandira chaque fois qu’un nouveau corps sera découvert et identifié par ses relation aux corps déjà connus. L’idée est d’oublier ce que l’on ne connaît pas (et par conséquence que l’on ne peut concevoir) pour se contenter de ce que l’on connaît.

Bouddha disait  à ses disciple : « Je ne vous enseigne pas tout, mais seulement ce dont vous avez besoin » … n’est-ce pas là le début de la sagesse !

Dans le cas de la notion de temps la vision est analogue. Nous pensons appréhender le temps alors que ne s’avons voir que les durées. Quand nous mesurons un date, un temps nous ne faisons qu’évaluer une durée depuis une origine (L’année zéro de la naissance du christ par exemple pour les dates, ou la survenue d’un événement par rapport à un événement précédent). Ici encore nous « mesurons le temps » en fonction de la position d’un événement sur un axe de coordonnées allant, comme il se doit de moins l’infini à plus l’infini. Par conception de notre vision du temps celui-ci est infini et n’a ni début ni fin. Cette conception métaphysique se heurte frontalement à notre besoin de représenter les événements pour les comprendre et les intégrer à notre mémoire cognitive. Encore une fois, jugeons le « temps des événements » les uns par rapport aux autres (de façon relative et non absolue) sans se soucier de leur donner une origine, et nous éviterons bien des angoisses. Pourquoi, indéfiniment chercher à représenter ce que l’on ne connaît pas, se donner une vision du début et de la fin du monde. C’est une peine inutile et vaine. On ne représente pas ce que l’on ne connaît pas, sauf à passer par des pirouettes comme le font les religions qui s’inventent des fables sans aucun fondement pour expliquer l’inexplicable.

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