Skip to content
[font_awesome icon="phone" margin_right="5px" color="#000"] 01 42 59 15 27 [font_awesome icon="envelope" margin_right="5px" margin_left="20px" color="#000"] patrick@rouillier.com [font_awesome icon="user" margin_right="5px" margin_left="20px" color="#000"] [wp_login_url text="User Login" logout_text="Logout"]

Dans plusieurs articles j’ai développé le concept de conscience humaine formées par un ensemble de représentations mentales issues de notre vécu historiques et liées entre elles par un faisceau de relation logiques.

Cette conscience étant formée de deux niveaux principaux, la conscience émotionnelle réceptacle de nos émotions, siège de représentations mentales anarchiques et non formalisées,  et la conscience cognitive forme structurée, codifiée, formalisée, on pourrait presque dire sublimée de la conscience émotionnelle. Cette dernière permet l’échange, la communication sous sa forme la plus élaborée, verbale ou scriptive. Elle serait en quelque sorte l’image organisé dans un schéma codifié ou modélisé de la conscience émotionnelle.

J’ai insisté sur deux points fondamentaux

1) Il n’existe pas en  fait deux niveau de conscience distincts, mais bien un continuum de plus en plus structuré de représentations mentales allant de la conscience émotionnelle la plus pure à la conscience totalement cognitive.

2) La communication entre les êtres, les positionnement, la prise d’identité qui se fait apparement via la conscience cognitive (la communication verbale, scriptive, dialectique, théorisée) se fait également de façon, évidement moins consciente, au travers des divers niveaux de la conscience plus ou moins structurés, codifiés. J’ai montré comment une communication purement basée sur les échange de conscience cognitive seraient sec, imprécis, d’une totale pauvreté. C’est la communication enrichie des niveaux de conscience moins formels qui donne toute sa richesse à l’échange (hors elle la communication ne serait qu’un échange de mots uniquement portés par leur définition dans un dictionnaire, hors sentiments humains, hors nuances. On sait bien que la même phrase prononcée dans des contextes différents,  sur des tons différents, par des interlocuteurs différent peuvent prendre, pour le locuteur comme pour l’auditeur des significations radicalement différentes

Il m’est donc apparu que la conscience cognitive était le vecteur de la communication enrichie d’une communication moins structurée, non verbale qui lui donnait sa valeur humaine et sa complexité.

Cette approche m’était apparue totalement satisfaisante dans le cadre de la modélisation proposée pour la conscience humaine.

La démarche scientifique est l’art suprême de se tromper pour se remettre en cause. C’est sa grande force d’ouvrir tous les jours la porte à de nouvelles approche, d’être une quête perpétuelle du toujours mieux, du toujours plus et en même temps la conscience absolue que le plus d’aujourd’hui sera rapidement le moins de demain.

 

J’ai eu récemment  un petit problème de santé, bien courant à mon âge, sans caractère irréversible, mais qui a été pour moi une expérience anxiogène que j’ai vécu avec beaucoup de stress et de tension. A toutes choses malheur est bon dit le proverbe, c’est loin d’être faux, et de cet épisode j’ai pu apprendre certaines choses qui on partiellement remis en cause la vision que j’avais de la conscience humaine. Cette analyse peut présenter un interêt dans l’étude du comportement d’un malade, mais surtout elle peut mettre en lumière l’analyse de la relation entre un individu en situation « dites » stable et un individu « dit » en crise, comme par exemple la relation entre un thérapeute et son patient.

 

J’ai tout d’abord compris que le fonctionnement général de la formation de la conscience, son utilisation dans la communication,  la relation, les positionnements, et la prise d’identité tel que je les ait décrits, s’ils étaient parfaitement (ou presque pour rester modeste!) adaptés à expliciter les comportements d’un individu dans un état psychologique stable, socialement intégré et adapté, ne pouvaient plus s’appliquer tel quel à un individu en crise, dans un état psycho-pathologique. Mon comportement durant ces quelques jours de tension interne s’est avéré représentable par des mécanismes très décalés par rapport à ceux que je pouvais envisager dans mon état « dit » stable.

Alors que dans cet état « dit » stable la conscience cognitive prend le  pas sur la conscience émotionnelle, la structure, l’encadre, la sociabilise, l’intègre dans un schéma cohérent de vision du monde, en quelque sorte la gouverne, la situation n’est plus du tout la même lorsque dans un état de stress, d’angoisse, d’anxiété, de dérive psycho-pathologique, la conscience émotionnelle prend le dessus sur la conscience cognitive, la déborde, et devient le générateur des pensées et des comportements.

1) Tout d’abord, la vision de l’univers se rétrécie brutalement, l’environnement s’efface progressivement et l’attention se porte sur soi, devient intériorisée. On est à l’écoute de son corps, de ses sensations internes, de la moindre douleur, de la moindre gêne, du moindre symptôme. D’une vision de l’univers que l’on voulait centripète on passe à une vision centrifuge !  On rentre en quelque sorte en soi même.

2) l’analyse des ressentis, des sensations, ne se fait plus au travers des représentations de la conscience cognitive et de sa cohérence logique, mais aux travers des diverses représentations de la conscience émotionnelle et de leurs structures plus ou moins anarchiques

3) en l’absence de représentations cohérentes et historiquement validées le vécu se fait angoissant ou anxiogène. Les certitudes s ‘effacent et le besoin de sécurisation s’affirme. Tout devient prétexte à savoir ce qui va advenir, à se re-fabriquer des certitudes par des références externes (médecins, infirmières, internet, …) Néanmoins ces sécurisations externes ne durent pas, elles ne peuvent s’intégrer aux schémas anarchiques de la conscience émotionnelles. Sitôt ancrées dans la conscience cognitive elles sont immédiatement submergées par la vague émotionnelle et passées par « pertes et profits »

4) Le positionnement, autrefois basé sur les références acquises de la conscience cognitive change de point de repères. Non que ce positionnement soit perdu, mais les nouvelles perceptions vont non plus se référer au faisceau de la conscience cognitive mais au contraire à ceux de la conscience dominante, la conscience émotionnelle. Inutile de décrire dans ses conditions le chaos de ce que peut être la pensée et les comportements de l’individu.

5) Ce changement est particulièrement ressentit par le malade au moment de sa guérison. Il se retrouve guéri, projeté dans le monde des « bien-portants » alors que durant un laps de temps d’adaptation il conserve  encore son positionnement de malade. Il continue à être à l’écoute de ses  symptômes, écoute son corps, redoute encore le pire. Ce n’est que progressivement (heureusement assez vite, un jour ou deux !) qu’il  oubliera sa maladie et reprendra pied dans son monde de « bien-portants » et se re-positionnera par rapport à sa conscience cognitive historiquement acquise. L’expérience vécue sur le mode de l’émotion pourra alors s’intégrer à une conscience cognitive qui aura repris ses droits.

6) Toute cette période de crise traduit une dé-sociabilisation du malade, un retrait des références externes laborieusement acquises pour se réfugier vers un monde intérieur qui devient exigeant et réclame toute son attention. Le ressenti d’un choc émotionnel intense, une forte angoisse, une crise d’anxiété peuvent activer, hypertrophier,  suffisamment la conscience émotionnelle pour que les messages quelle délivre à la conscience cognitive ne puissent plus être analysés et intégrés par celle-ci. Les messages de l’émotion, non contrôlés par la conscience cognitive envahissent la pensée et deviennent moteur des comportements et de notre vision des événements.

 

Cette analyse du comportement d’un malade doit être généralisée à celle de tout individu en crise (qu’on peut définir comme l’incapacité de la conscience cognitive à prendre en compte les messages de la conscience émotionnelle). Elle doit nous interroger sur la relation entre un thérapeute en situation « dites » stable et un individu en crise. Comment envisager la communication entre un individu gouverné par sa conscience cognitive (et incapable de faire appel logiquement à sa conscience émotionnelle) et un individu gouverné par sa conscience émotionnelle (et incapable de faire appel, dans son illogisme, à sa conscience cognitive). C’est la toute la problématique de la relation thérapeutique, établir une relation dans une communication impossible !

On peut partir du principe, que je penses devrait être admise par tout le monde, que le but de cette relation n’est pas de gratifier le thérapeute – même si tout travail, dans notre monde, mérite salaire – mais d’aider le patient à aller mieux. Ceci signifie la priorité absolue donnée au  patient. Il faut  que sa conscience cognitive reprenne la pas sur sa conscience émotionnelle, ce qui caractérise, toujours dans notre monde, la normalité, l’intégration, la sociabilisation. Le thérapeute doit donc forger à son patient une conscience cognitive forte, un positionnement stable, une identité affirmée. En aucun cas, du moins je le crois, une conscience cognitive ne peut se construire de cognitif à cognitif. Tout enrichissement d’une conscience cognitive ne peut se faire que par l’intermédiaire de la conscience émotionnelle. La conscience cognitive ne peut s’enrichir ‘ex abrupto », elle n’existe que parce qu’elle est une représentation symbolique, codifiée, structurée, de la conscience émotionnelle, c’est sa raison d’être. Le cognitif ne génère pas de l’émotionnel, c’est le contraire qui se produit. C’est pourquoi l’approche rationnelle seule d’un patient réellement en crise n’a aucune portée thérapeutique. La raison, les conseils, n’ont jamais guéris un schizophrène !

 

Le travail d’un thérapeute n’est donc pas de toucher à la conscience cognitive de son patient, il n’y a de toutes façon aucun accès, aucune possibilité d’action.

 

Le travail du thérapeute n’est pas non plus de toucher directement à la conscience émotionnelle de son patient, il ne peut la modifier car elle est historiquement acquise et de plus elle est déjà assez confuse comme cela. (encore que la production de certains stimuli émotionnels pourraient dans le cadre d’une thérapie jouer un rôle important – mais ils devraient être si pertinents, tellement ciblées, si dangereux en cas d’erreur que leur usage ne peut être envisagés qu’en fin de thérapie quand le tableau clinique du patient et bien établit et que tous les « gardes fous » ont été mis en place.

 

Le travail du thérapeute sera de construire ou reconstruire les liens entre la conscience émotionnelle du patient et sa conscience cognitive, d’actualiser, ou ré-actualiser, de traduire les émotions en pensée logique et cohérente, de fournir au patient l’outil qui va lui permettre de renforcer sa conscience cognitive en lui donnant la force de canaliser ses émotions, de les intégrer à sa conscience cognitive. Il faut réussir à apurer le passif, c’est à dire intégrer les émotions qui jusqu’à présent n’ont pas trouver leur correspondant dans la conscience cognitive (c’est à dire les soumettre à la pensée logique) et permettre ainsi aux nouvelles émotions de s’intégrer naturellement à la conscience cognitive au fur et à mesure qu’elles sont perçues.

Le travail d’un thérapeute, quelque soit la technique qu’il emploie, sera de créer ou recréer chez son patient le lien entre l’émotion et son symbole perçu consciemment. Le thérapeute n’est pas un scénariste qui invente l’histoire mais un metteur en scène qui traduit des émotions, de l’humain, en images. C’est peut être là le fin mot de sa neutralité, il n’a pas le droit de s’éloigner du scénario ni de le modifier à sa guise, il n’est qu’un traducteur. C’est un rôle ingrat et difficile mais que le thérapeute doit accepter dans l’interêt de son patient.

Print Friendly, PDF & Email
Back To Top