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Redéfinissons les termes qui nous seront utiles par la suite

 

Angoisse : Attitude devant un événement négatif, un élément dont on définit mal les contours, que l’on a du mal à formaliser, presque inconscient, au niveau de la conscience émotionnelle. Devant lui, on est désarmé, sans repère, perdu et impuissant. Il est difficile de décrire l’angoisse avec des mots, car par essence elle est rebelle à la formalisation. On ne peut qu’en donner une impression sous forme « métaphorique » dans un style littéraire ou poétique. L’angoisse c’est se trouver devant un abyme sans fond ni contours. On est sans repères, sans référence, sans positionnement, seul au milieu de nulle part. On a besoin de remplir ce vide, par de l’activité, du bruit, de la présence, de l’ingestion alimentaire pour retrouver des repères, un positionnement, des sensations, bref pour ré-exister devant le néant.  Se battre contre l’angoisse c’est tenter de donner du contenu à une partie de sa vie qui en manque, d’où le besoin d’ingérer du contenu.

 

Anxiété : Attitude devant un élément que l’on peut cerner, visualiser, formuler, mais dont on ne peut, à priori, envisager formellement les conséquences négatives.  Dans sa tête on ressasse les conséquences possibles, élabore des stratégies de défenses … sans succès puisque les conséquences ne sont pas connues. L’anxiété, c’est se trouver devant un dilemme dont on n’a pas la solution. Se battre contre l’anxiété, c’est se battre contre un vécu perturbé, contre un contenu frustrant, d’où le refus d’ingérer du contenu sur un état déjà perturbé.

 

Peur : Attitude devant un événement bien identifié, dont les conséquences négatives sont clairement définies.

Signalons que ces trois entité ne sont pas exclusives. L’angoisse est un bon support pour l’anxiété, et l’anxiété peut servir à combler le vide de l’angoisse !

Alimentation : Avec la reproduction elle est un élément essentiel de la survie d’une espèce. C’est le carburant de la vie. Son bon dosage est fondamental, tout excès en trop ou en trop peu est dangereux pour l’individu.

On peut voir (c’est ici une hypothèse à vérifier) l’alimentation comme une représentation, une sublimation, de la relation à l’extérieur donc aux autres. Le fait d’ingérer serait une représentation sublimée de la relation fusionnelle aux autres. (La relation aux autres dans le besoin d’exister, de s’identifier, étant aussi nécessaire que le besoin de s’alimenter pour vivre). L’enfant découvre sa première relation à l’autre en tétant le sein de sa mère (ou un biberon). Il associe ainsi l’ingestion alimentaire et relation fusionnelle. Un peu plus tard sa relation aux objets externes se fera en les portant à la bouche. Il se sécurisera en suçant son pouce (parfois même tardivement)

 

Maturation :  c’est le sens même de la vie. Au tout début de la vie la conscience cognitive est très peu développée et l’individu vit sur sa conscience émotionnelle. Celle-ci ne permet que la relation fusionnelle avec son environnement et les autres. Au fur et à mesure des expériences la conscience cognitive se développe et en parallèle l’individu prend son identité, son autonomie, sa différentiation avec les autres. Cette individuation (appelée aussi « maturation ») va rendre de plus en plus difficile la relation fusionnelle (On ne peut plus vivre « à travers » les autres, « par » les autres, quand on devient soi-même). La relation vire lentement à l’empathie. L’art de la vie est cette lente maturation qui fait prendre à l’individu son positionnement, son identité, à travers le développement de sa conscience cognitive. Toute tentative d’éviter cette maturation constitue une attitude régressive et de refuge dans la relation fusionnelle. Le développement de la conscience cognitive, la prise d’identité, est un chemin difficile, douloureux, anxiogène, car il vous projette dans l’inconnu. C’est à ce prix que l’on « grandit », que l’on devient autonome, que l’on devient soi-même. La régression dans une relation de type fusionnelle est au contraire sécurisante à court terme, mais elle maintien l’individu dans la dépendance, dans le vécu à travers les autres. On ne peut se définir, être, dans une attitude régressive. Anorexie et boulimie sont des pathologies qui découlent directement de ce vécu régressif.

 

Anorexie et boulimie sont souvent assimilés à des TOC, et d’ailleurs présentent un taux de réussite important dans les traitements par les thérapies cognitives et comportementales. Ce sont effectivement des troubles du comportement alimentaire et il est normal de les traiter comme tel, dans le but d’améliorer le vécu des patients.

Néanmoins un TOC à une origine, une cause, et la connaissance de celle-ci ne peut qu’aider dans la détermination d’un parcours thérapeutique adapté. En effet corriger un défaut de comportement peut apporter un grand soulagement à un patient, mais ne résous pas la faille psychologique qui le sous-tend. Cette faiblesse ira, sans doutes, s’actualiser dans un autre comportement déviant, mais ce dernier pourra n’être pas pénalisant pour le patient et donc supportable.

Anorexie et boulimie doivent également être considérés comme des psychopathologie de la relation affective fusionnelle. Pour les adolescents, tout particulièrement, la fusion est un mode de vécu, un mode de relation, un mode de positionnement absolument nécessaire. Leur conscience cognitive n’est pas encore assez fort, assez structurée pour vivre leurs relations sur un mode empathique. Ils ont besoin de vivre leurs relations sur un mode affectif fusionnel régressif.

 

Anorexie : Dans le cas du comportement anorexique, ce besoin est contrarié par la crainte (l’anxiété) de vivre ce mode de relation empathique. L’individu la nie, la refuse, car elle est pour lui(elle) anxiogène. L’individu se réfugie dans une relation régressive car il est anxieux devant le fait de vivre sa vie d’adulte, de devenir lui-même. Il refuse l’obstacle !

La relation aux autres étant la base de la maturation, de la prise d’identité, l’individu se refuse, par conséquences, à « grandir », à devenir adulte. Il est condamné à un manque de maturité et très souvent son évolution se bloque à l’âge de la puberté.

Ceci se traduit par un refus de « vivre l’autre », de l’ingérer, et le besoin de conserver une silhouette d’adolescent. Ceci se cristallise dans le refus de s’alimenter.

Pourquoi cette anxiété à échanger avec l’autre, c’est bien là toute la question, ou plutôt la réponse. Personnellement je la rechercherais dans un traumatisme, un choc émotionnel, un événement plutôt ponctuel, la mauvaise interprétation d’une situation vécue, bref un trauma réel ou imaginé.

L’anorexie s’accompagne de fébrilité, d’agressivité, et doit être liée à l’anxiété.

 

Boulimie : Pour l’individu boulimique, au contraire, il y a une recherche perpétuelle de la relation affective fusionnelle, le besoin de la relation intime à l’autre, le besoin de le faire soi. Il ne réagit pas par anxiété et refus de l’obstacle, mais cherche à apaiser son angoisse dans un vécu régressif.

Il s’agit d ‘une frustration affective jamais satisfaite, qui peut se cristalliser dans la nécessité d’ingérer des aliments faute d’ingérer l’autre. Peut-être pourrait-on faire un rapprochement avec l’enfant qui suce son pouce pour se sécuriser ?

La cause ne devrait pas être recherchée dans un événement ponctuel traumatisant, mais plutôt dans un état de déficit affectif permanent, de frustration, de situation familiale malsaine ou mal vécue.

La boulimie s’accompagne plutôt de soumission, de recherche de l’acceptation des autres et doit être reliée à l’angoisse

 

Les facteurs sociologiques

On présente souvent l’anorexie comme la résultante d’une pression sociale fournissant une image sublimée de la femme, la femme au corps d’adolescente (Mannequins), … etc., etc. Je n’en crois rien, même si ces images peuvent s’associer à la représentation des anorexiques, donner une forme comportementale à la pathologie qui fournira un symptôme plutôt qu’une cause. Ces mêmes images sont offertes aux boulimiques sans les inciter à l’anorexie.  Seuls les individus possédant la faiblesse pathologie évoqué plus haut (refus anxieux de la relation fusionnelle) pourront développer le comportement déviant. Si l’anorexie est moins fréquente chez les garçons que chez les filles, c’est sans doutes que la même psychopathologie se traduira différemment chez eux (il serait intéressant de rechercher comment elle se traduit chez eux musculation maladive, défense contre l’autre, positionnement social, besoin de supériorité …)

 

Conclusion

Anorexie et boulimie sont des troubles de la relation affective fusionnelle qui apparaissent principalement à l’adolescence (période où cette relation commence à être déstabilisée par l’apparition de la relation empathique due à la formation de la conscience cognitive). Le traitement de la déviance comportementale devrait s’accompagner pour être plus efficace d’un traitement de la relation affective et de la prise d’identité. La maturation, l’appel à la conscience cognitive acceptée pourrai diminuer le besoin de relation fusionnelle et améliorer le vécu du patient. « Muscler la conscience cognitive » serait armer le sujet pour son combat.

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